Chronique dramatique
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AN ELEPHANT SITTING STILL

Hu Bo

Yu Zhang, Yuchang Peng, Uvin Wang

230 min.
1er mai 2019
AN ELEPHANT SITTING STILL

« Un éléphant assis » est le premier et dernier film de Hu Bo qui s’est suicidé peu après avoir terminé son film le 12 octobre 2017 à l’âge de 29 ans,

Dès les premières images et pendant près de 4 heures, le désespoir et le mal être profond du réalisateur sont palpables, présents, douloureux parfois insupportables. Chaque personnage du film, à sa manière, nous dit « il n’y a pas d’espoir » : les jeunes mal aimés et sans avenir, les femmes exploitées, les vieux rejetés, sur fonds de paysages urbains bétonnés, poussiéreux, pollués, inhumains, sales , portrait d’une société chinoise profondément déshumanisée.
Les personnages du film : l’écolier Wei Bu ( Peng Yuchang), en fuite après avoir tué accidentellement son copain Yu Shuai, Huang Ling (Wang Yuwen) qui s’est enfuie de chez sa mère, Yu Cheng (Zhang Yu), le frère aîné de Yu Shuai, qui se sent responsable du suicide d’un ami après avoir couché avec sa femme, Wang Jin (Liu Congxi) retraité que ses enfants veulent envoyer dans une maison de retraite.
Les relations entre les personnes sont d’une violence extrême comme si, chacun, dans sa misère,se recroquevillait et tendait toutes ses forces pour tenter juste de survivre, le temps d’une journée, du lever au coucher du soleil, le temps du film.

Et pourtant il existe un tout petit espoir pour ces personnages,espoir symbolisé par un éléphant légendaire, assis et immobile dans la ville de Manzhouli, dans le nord de la Chine , et qui serait capable de rester indifférent à la violence du monde, Et les personnages du film n’ont alors qu’une idée : s’évader de leur condition pour aller vers Manzhouli.

Et engloutie dans ce désespoir et ce « bloc de douleur », amplifié par une lenteur extrême, des plans très longs et la presque immobilité des personnages, je n’ai pas pu voir la beauté mélancolique de ce film. Dommage.
La dernière image est d’une puissance rare : dans la nuit, le bus qui amène les personnages vers l’éléphant assis, s’arrête (sont-ils arrivés à Manzhouli ?) et l’on aperçoit, dans la lumière des phares, des silhouettes qui sortent du bus, une à une, et… semblent jouer au ballon .

(France Soubeyran)