Clotilde Hesme, Evelyne Didi, Grégory Gadebois, Patrick Descamps
Voilà un film comme on les aime. Humble et sensible. Simple et touchant.
S’effaçant devant la réalité d’une intrigue à hauteur humaine - Angèle souhait récupérer la garde de son fils après sa sortie de prison. Comment peut-elle se prouver et prouver aux autres qu’elle est capable d’assumer son rôle de mère ?
Abordant, sans afféterie ou stratégie racoleuse, ce qui fait qu’une vie vaut la peine d’être vécue. Malgré des difficultés, malgré des aspérités. Malgré des erreurs.
Esquissant à pas minuscules et lents le mystère de l’amour lorsqu’il s’installe au cœur d’une rencontre improbable entre un homme et une femme. Fruit d’une complémentarité qui s’apprivoise et non pas feu de paille sitôt né sitôt consommé. Sitôt consumé.
Murmurant que l’existence n’est pas figée une fois pour toute, qu’elle reste ouverte à la reconquête de ces sentiments intimes - l’estime de soi, la confiance, le lâcher-prise - qui font que l’on se sent bien. Que l’on se sent mieux.
Acceptant d’inscrire, sans pathos, le récit dans un contexte social difficile - celui des pêcheurs d’un petit village de Normandie.
Refusant, avec une constante douceur, d’ensevelir le propos sous un flonflon sentimental ou de l’imprégner d’un artificiel lyrisme, « Angèle .. » fait le choix - et a la force de ne pas s’en écarter - de la fragilité et de la sincérité.
Portées par des acteurs dont on salue la grandeur tissée de pudeur et de justesse. Tellement éloignés de la performance dans laquelle trop souvent s’enferrent et s’enterrent avec notre complaisante complicité, celles et ceux que l’on appelle les « Oscarisables » ou les « Césarisables ». Et bientôt les « Magrittables » - occasion de rappeler que la première cérémonie de remise de prix aux meilleurs "professionnels" du cinéma belge aura lieu ce samedi 5 février et sera retransmise en direct sur BeTV.
Même si ce premier film n’est pas dépourvu de quelques maladresses, celles-ci ne gênent en aucune façon l’élan de sympathie qui nous porte à aimer ses personnages, marqués par l’absence de leur père.
A les accompagner dans les doutes et désirs qui les assaillent.
A espérer, avec eux et pour eux, que leur histoire se terminera bien. Parce que s’il en est ainsi, on sait que l’on quittera la salle de projection heureux.
Même si l’on sait aussi que ce bonheur ne durera pas longtemps, on y tient, on en a envie et on veut y croire.
Et si c’était cela la magie du 7ème art ? (mca)
(*) sont en ce début de XXIème siècle ce que "Marius et Jeannette" de Robert Guédiguian ont été à la fin du XX : un couple sans esbroufe.