Coup de coeur
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Coup de coeurBIG MEMORY (fragments)

Richard Olivier (Belgique 2010 ....)

Marie Mandy, Marion Hansel, Stijn Coninx, Marc Didden, Philippe Dutilleul ...

15 août 2012
BIG MEMORY (fragments)

Du grand écran de Flagey à celui des téléviseurs ou ordinateurs, le trajet peut être court.

Il y a peu était présenté, pour une séance unique, dans ce cocon couleur bleu nuit et remède à tous les ennuis qu’est le Studio Cinq, 4 segments (sur 170) d’un documentaire consacré aux cinéastes belges.

Première surprise et contentement "patriotique" du spectateur : que de réalisateurs et dès lors de diversités dans les points de vue formel et dramaturgique dans un si petit pays.

Deuxième surprise et joie du même spectateur : que de simplicité et de curiosité dans les regards faits d’attention, d’attente et de sympathie posés par un réalisateur sur des confrères et (trop rares) consœurs sans jamais être tenté par l’envie d’impressionner par des questions fumeuses , prétentieuses ou flatteuses.

C’est vraisemblablement dans cette intention de respecter ses interlocuteurs que se niche l’écho rendu par les interviewés de ne pas se gargariser de poses ou d’intelligence fabriquée.

Troisième surprise et de taille, le site de la troisième chaîne de la RTBF permet, par la grâce d’un simple clic sur http://www.rtbf.be/video/v_big-memory-cineastes-de-belgique?id=1733200 de voir toutes les vidéos réalisées par Richard Olivier et d’entrer ainsi au gré de ses humeurs du moment dans les univers de celles et ceux qui, par leur utilisation singulière de la puissance créatrice de l’image, nous ont distraits, bouleversés, aidés à remettre en question nos relations à nous-mêmes, aux autres et au Monde.

Un seul paramètre guide la démarche du réalisateur, reflet de l’humanité et de la pertinence avec lesquelles il a abordé les thèmes et sujets de ses reportages précédents (*) : l’égalité dans le traitement du protocole de mise en place - chaque cinéaste est filmé pendant une heure, dans le décor de son choix sachant que seules 13 minutes de ces entretiens seront gardées - et dans la bienveillante neutralité avec laquelle il accueille ses invités.

A travers ces portraits – qui ont quelque chose de la bonhommie (sans la facétie) efficace de ceux de Bernard Pivot et la décontractée élégance des reportages de Bernard Rapp – on marche du côté ensoleillé du trottoir.

Non pas parce ce qui y est dit ou montré élude les aléas d’un métier difficile et souvent peu rentable mais parce que les choses intéressantes qu’on y apprend n’ont rien d’’intrusif, de forcé ou de peopolisé.

Les intimités sont prises en considération et lorsqu’un voile est levé, il l’est par l’invité.

Conférant alors à ses confidences une note d’émotion délicate, fragile, souriante ou nostalgique - on pense notamment à la confidence de Luc Dardenne sur l’importance de la lecture d’Adorno dans son rapprochement avec une famille dont il s’était éloigné ou à celle de Benoît Dervaux qui décode dans la complicité qu’il avait avec sa grand-mère l’ébauche de sa vocation.

On le sait, tous les bonheurs sont provisoires. Merci à Monsieur Olivier de nous rappeler qu’ils peuvent être renouvelables.

170 fois. 170 fois au moins puisque la liste de nos réalisateurs n’est pas figée et qu’elle est destinée, dans les années à venir, à s’étoffer.

A nous surprendre encore et encore.  (mca)

(*) dont quelques uns, le surprenant "Esther for ever", l’engagé "Décadence d’un magasin à rayons multiples", et le sobrement triste "The end" (à propos de ce dernier court métrage, il devra être réactualisé en raison de la nouvelle vie du "Movy Club" de Forest prévue pour ce mois de septembre 2012) seront projetés à Flagey durant les deux semaines à venir.