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BREVES DE CANNES

3 juin 2009
BREVES DE CANNES

CinéFemme a vu à Cannes 39 films toutes sections confondues .   

 

A l’origine, de Xavier Giannoli (France, 150’)
Avec François Cluzet, Emmanuelle Devos, Gérard Depardieu, Brice Fournier

A sa sortie de prison, un petit escroc (François Cluzet, parfait comme toujours) échoue dans un patelin ravagé par le chômage causé par l’abandon de la construction d’une autoroute. Il se fait passer pour un ingénieur, monte une entreprise bidon et promet que le chantier va reprendre. Et donne ainsi de l’espoir aux habitants. Scénarisé au départ d’une histoire authentique, joué par des acteurs plus vrais que nature, le film s’enlise cependant dans les bons sentiments et n’est certainement pas aidé par sa longueur.
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Agora, d’Alejandro Amenabar (Etats-Unis/Espagne, 130’)
Avec Rachel Weisz, Max Minghella, Oscar Isaac, Michael Lonsdale, Rupert Evans

Alexandrie, IVe siècle après Jésus-Christ. L’Egypte est sous domination romaine. La révolte des Chrétiens gronde. Ou comment fut détruite la fameuse Bibliothèque d’Alexandrie et comment les Chrétiens se sont comportés en fascisants sectaires. Drame historique propre et bien fait, ce serait un plaisir de le voir à la télévision, bien que trop long, comme beaucoup de films de la sélection officielle. Et Rachel Weisz est si belle ! Mais où est passée l’émotion que savait si bien prodiguer le réalisateur du fabuleux « Mar Adentro » ?
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Air Doll, de Hirokazu Kore-Eda (Japon, 125’)
Avec Duna-Bae, Arata, Itsuji Itao

Après l’extraordinaire « Nobody knows » et le formidable « Still Walking », Kore-Eda s’attaque à la famille réduite à sa plus simple expression et à la solitude dans une grande métropole moderne à travers l’histoire d’amour d’une poupée gonflable qui, petit à petit, devient humaine. Un film assez fascinant dans sa mise en scène élégante et poétique et on reste sous le charme de la très belle actrice/poupée gonflable. Mais le film est trop long et la répétition devient quelque peu lassante.
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Ajami de Scandar Copti et Yaron Shani (Israël – Allemagne, 120’)
Avec Shakir Kabaha, Fouad Habash, Ibrahim Frege

Le quartier d’Ajami, à Jaffa, est un lieu cosmopolite où cohabitent juifs, musulmans et chrétiens. Deux frères, Nasri et Omar vivent dans la peur depuis que leur oncle a tiré sur un membre important d’un autre clan. Malek, un jeune réfugié palestinien, travaille illégalement en Israël pour financer l’opération que sa mère doit subir. Binj, un jeune Palestinien rêve d’un bel avenir avec sa petite amie chrétienne. Dando, un policier juif veut se venger de la mort de son frère...
Copti, réalisateur palestinien et Shani, réalisateur israëlien, nous propose une intrigue découpée en quatre chapitres. On pourrait comparer leur réalisation fougueuse et foisonnante à celle d’Innaritu, mais la construction du film est nettement moins spectaculaire et moins maitrisée.
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Altiplano, de Peter Brosens et Jessica Woodworth (Belgique/Allemagne/Pays-Bas, 109’)
Avec Magali Solier, Jasmin Tabarabai, Olivier Gourmet, Behi Djanati Ataï

Grace, photographe de guerre anéantie après un violent incident en Irak, décide de renoncer à son métier. Son mari, chirurgien spécialisé dans la cataracte, travaille dans une clinique dans les Andes au Pérou où il est tué par des villageois. Grace entreprend alors un pèlerinage jusqu’à l’endroit de sa mort. Lyrique et très beau visuellement, mais terriblement lent et statique, le film devient franchement ennuyeux au bout de 30 minutes. Dommage, car le précédent film des mêmes auteurs, « Khadak », était splendide.
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Amreeka (Amrikka), de Cherien Dabis (Etats-Unis, 96’)
Avec Nisreen Faour, Hiam Abbas

Mouna, divorcée et mère d’un adolescent est une Palestinienne d’un naturel joyeux et optimiste. Mais la vie dans les territoires occupés est quand même difficile et un jour, elle a la possibilité d’émigrer aux Etats-Unis. Après les retrouvailles avec sa sœur, son fils et elle devront trouver leur place dans cette Amérique tant attendue, mais qui ne les attendait pas. Premier film d’une réalisatrice américaine d’origine jordano-palestinienne, voici tendre, touchante et plutôt réussie, une comédie qui a un sens. L’actrice palestinienne Nisreen Faour est tout bonnement excellente, tout comme l’est l’Israélienne Hiam Abbas vue récemment dans « Lemon Tree » et « The Visitor ».
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Antichrist, de Lars von Trier (Danemark, 104’). Prix d’interprétation féminine
Avec Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe

L’histoire est simple : un couple perd son enfant tombé d’une fenêtre pendant que ses parents faisaient l’amour. Pour faire leur deuil et tenter de reconstruire leur couple, ils s’isolent dans une cabane au milieu d’une forêt. Comme la mère est très perturbée, le mari, thérapeute, essaie de la soigner. Mais elle devient totalement folle, retourne sa douleur contre le père, le massacre de diverses façons. Puis, se mutile elle-même. Misogyne et hystérique, « Antichrist » est par moments d’une violence insupportable et même à la limite du ridicule. Lars von Trier déclare avoir filmé de façon intuitive et ne devoir ni se justifier ni expliquer son propos. Dont acte.
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Bright Star de Jane Campion ( U.S.A. - G.B., 120’)
Avec Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider, Kerry Fox.

XIXe siècle, l’histoire d’amour entre le poète John Keats, figure de proue de l’école romantique anglaise et Fanny Brawne. L’intrigue se concentre sur les trois ans que dura cette liaison difficile à cause des conventions sociales et qui fut interrompue par la mort prématurée à l’âge de 25 ans du jeune poète. Le titre du film, Bright Star, a été inspiré par un poème d’amour écrit par Keats à Fanny Brawne sur la page de garde de son recueil d’œuvres de Shakespeare.
Seize ans après « La leçon de piano », la réalisatrice néo-zélandaise nous revient avec un drame romantique à l’esthétique léchée. Loin des images chocs de passions malsaines ou débridées que nous donnaient à voir certains films du Festival 2009, « Bright Star » nous offre un film romantique que certains traiteront de « long, chaste et lent ». Mais c’est un joli tableau dévoilant une passion chaste avec justesse, des acteurs excellents et une photographie lumineuse. Un film délicatement plaisant.
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Etreintes brisées, de Pedro Almodovar (Espagne, 127’)
Avec Pénélope Cruz, Lluiz Homar, Blanca Portillo, José Luis Gomez

C’est pas juste ! Almodovar est le grand oublié du palmarès de ce 62e Festival de Cannes. Ses « Etreintes brisées » se passent dans le milieu du cinéma et c’est un mélange de film noir et de mélodrame flamboyant. Deux époques à 14 ans de distance, plusieurs histoires, des personnages magnifiques avec leurs lourds secrets. Amour obsessionnel, fidélité, trahison, et le tout d’une incroyable densité. Et une tout simplement magique Pénélope Cruz, dont c’est peut-être le plus beau rôle à ce jour.
Voir chroniques plus détaillées.
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Eyes Wide Open, de Haim Tabakman (Israël, 90’)
Avec Zohar Strauss, Ran Danker, Ravit Rozen

Aaron est un respectable boucher de la communauté juive orthodoxe de Jérusalem, marié et père de quatre enfants. Très religieux, le respect des préceptes dicte chacun de ses gestes. Un jour, il rencontre Ezri, un jeune étudiant, tout aussi religieux et dont il tombe amoureux. Passion chaste au début, il cède peu à peu à son désir. Comme tout se sait dans cette communauté fermée, la pression du groupe devient terrible.
Le thème religion/homosexualité a déjà été abordé ailleurs, mais ici e propos est tout à fait original, qui lève le voile sur un tabou absolu de la religion juive. Un premier film, épuré, grave et puissant.
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Fish Tank, d’Andrea Arnold (Grande Bretagne, 124’). Prix du Jury ex-aequo
Avec Michael Fassbnder, Katie Jarvis, Rebecca Griffiths

Mia, 15 ans, est une adolescente renfrognée et rebelle, en décrochage scolaire et en guerre avec le monde entier. Lorsque sa mère se met en ménage avec un homme qui a l’air véritablement gentil, on se met à espérer que tout va s’arranger. Ce film, deuxième long métrage de la réalisatrice après le très remarqué « Red Road », est à la manière anglaise une sorte de Rosetta des frères Dardenne. A la fois drôle, triste, émouvant, il est également très instructif sur cette adolescence déboussolée. Et quels acteurs ! Katie Jarvis, qui joue Mia, est renversante. Dans le rôle de la mère, Kierston Wareing, l’inoubliable Angie de « It’s a free world » et dans celui de l’amant Michael Fassbender (la révélation de « Hunger ») sont tous deux magnifiques.
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Here, de Tzu-Nyen Ho (Singapour, 86’)
Avec George Kuruvilla, John Low

Le film suit le parcours de He Zhiyuan qui, choqué par la mort brutale de sa femme, est interné à Island Hospital où il suit un traitement expérimental qui l’oblige à affronter la vérité de sa vie. Pendant ce temps, un cinéaste se rend à Island Hospital pour réaliser un documentaire sur la vie des patients et de l’équipe soignante. Malgré de très louables intentions, ce voyage intérieur et les longs plans immobiles lassent bien avant la fin le spectateur le plus bienveillant à la démarche du réalisateur.
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Humpday de Lynn Shelton (U.S.A. , 94’)
Avec Mark Duplass, Joshua Leonard, Alycia Delmore

Les retrouvailles après 10 ans de deux copains d’univ. Aujourd’hui, Ben est marié et a un travail. Andrew a vécu la vie d’un artiste vagabond parcourant le monde. Après une nuit à faire la fête, ils se lancent un défi mutuel : participer à un concours de films pornos amateurs. Mais quel genre de films peuvent-ils faire ? Ben et Andrew y auront les rôles principaux. Ironts-ils jusqu’au bout ? Et comment l’annoncer à la femme de Ben ? Le titre fait référence à un festival de cinéma (Hump) organisé par un journal. La singularité du festival tient au fait qu’il est consacré à la pornographie amateur. Disposant d’une idée de départ originale et amusante, tout le film se construit ensuite autour des doutes qui émergent rapidement autour de ce projet un peu fantasque. Par moment, on se laisse prendre au jeu, mais pas vraiment intéressant, « Humpday » est souvent trop bavard et sa réalisation assez plate.


 

J’ai tué ma mère de Xavier Dolan (Canada, 100’)
Avec Anne Dorval, Xavier Dolan

Du haut de ses 16 ans, Hubert Minel déteste sa mère, la juge, la méprise.Dès les premières images on sent que le film s’engage sur le fil délicat de l’amour/haine. Agressifs, conflictuels et violents, les mots fusent et les protagonistes se blessent, se manipulent, le coeur saigne. Beaucoup de haine, un peu d’amour dans ce premier film réussi de Xavier Dolan.
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Jaffa de Keren Yedaya (Israël, 145’)
Avec Dana Ivgy, Moni Moshonov, Ronit Elkabatz

Caméra d’Or à Cannes en 2004 pour « Mon Trésor », Keren Yedaya revient avec un beau mélo qui parle de la haine au travers d’un amour interdit entre une jeune Israélienne et un jeune Palestinien. C’est le règne de l’intransigeance et de l’aveuglement, avec cependant à la fin, une lueur d’espoir. Une curiosité : Ronit Elkabetz et Dana Ivgy dans les rôles de la mère et de la fille, qu’elles tenaient déjà dans le précédent film de la réalisatrice.
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Kinatay, de Brillante Mendoza (Philippines, 105’). Prix de la mise en scène
Avec Coco Martin, Julio Diaz, Mercedes Cabral, Maria Isabel Lopez

Un jeune étudiant qui vient de se marier se fait recruter par un gang local et est obligé d’assister à une expédition punitive absolument horrible. Auteur notamment du beau et compassionnel « John John » et du très controversé « Serbis », Mendoza nous inflige ici pratiquement une heure de voiture qui roule dans la nuit. Le jury de Cannes lui a décerné le Prix de la mise en scène. Faut aimer !
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La terre de la folie de Luc Moullet (France - 1h30)

Originaire des Alpes du Sud, Luc Moullet a constaté que des cas de troubles mentaux étaient particulièrement nombreux dans cette région. Il raconte quelques histoires criminelles folles qui ont eu lieu du côté de Nice. Meurtres, suicides, immolations.... Mollet étudie les causes et les conséquences de ces phénomènes physiques locaux par des témoignages insolites. Parti pris d’un discours naïf pour relater avec humour des événements dramatiques d’une région de France où de petites communautés vivent d’une manière relativement isolée. Un documentaire singulier.
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Là-haut, de Pete Docter et Bob Peterson (Etats-Unis, 104’). Film d’ouverture de la Compétition

Historique : c’est la toute première fois qu’un film d’animation ouvre le Festival de Cannes. Et quel film ! Le vieux Carl, 78 ans et l’insupportable petit Russel partent en voyage initiatique en Amérique du Sud et vivent mille aventures avec, comme moyen de locomotion, la vieille maison de Carl soulevée par des centaines de ballons de toutes les couleurs. Filmé en 3D (donc lunettes spéciales), magnifique visuellement, plein d’humour et de tendresse, sans jamais tomber dans le gnan-gnan, à voir absolument seul(e), avec amis, enfants, ados, parents et grand parents.
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La Merditude des choses, de Felix van Groeningen (Belgique, 108’)
Avec Johan Heldenbergh, Koen De Graeve, Wouter Hendrickx, Pauline Grossen

Troisième long métrage de Felix van Groeningen, ce film (titre original : De helaasheid der dingen) fait partie des trois films belges, tous flamands, qui ont été sélectionnés à Cannes dans diverses sections du Festival. Truculent, vulgaire, jubilatoire - et tendre -, il raconte la vie de Gunther Strobbe, confronté dès son enfance à « la merditude » ambiante et familiale dans un patelin près d’Alost et dans une famille à la limite du quart-monde. A voir !
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La Pivelina de Tizza Covi et Rainer Frimmel (Autriche – Italie 1h40)
Avec Patricia Gerardi, Walter Saabel, Tairo Carolli, Asia Grippa..

Abandonnée dans un parc, la petite Asia âgée de 2 ans est recueillie par Patti, une artiste de cirque qui vit dans une aire de camping dans la banlieue romaine. Avec l’aide de Tairo, un adolescent qui vit avec sa grand-mère dans un camping-car voisin, Patti se met à la recherche de la mère de l’enfant. Un gentil film avec des personnages empreints de bonté et de gentillesse...
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Les beaux gosses de Riad Sattouf (France, 90’)
Avec Vincent Lacoste, Anthony Sonigo, Alice Trémolières, Noémie Lvovsky, Emmanuelle Devos, Irène Jacob, Valéria Golino...

Hervé, 14 ans, est un ado comme tant d’autres, pas canon et moyennement intelligent dont le but est de sortir, enfin, avec une fille. Après avoir accumulé insuccès et déceptions, une jolie camarade de classe s’intéresse à lui. Personnages hauts en couleurs pour une comédie sur le mal-être des l’adolescents en pleine mutation physiques et psychiques. C’est l’âge des pulsions incontrôlées, ils sont patauds, ne savent comment aborder l’autre. A la limite de la caricature, un film attachant qui aura de beaux jours cet été.

Voir chronique plus détaillée .
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Les Herbes folles, d’Alain Resnais (France, 104’). Prix exceptionnel pour l’ensemble de sa carrière et sa contribution à l’histoire du cinéma
Avec Sabine Azéma, André Dussolier, Anne Consigny, Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric

Sabine Azéma minaude et se fait voler son portefeuille, André Dussolier le trouve et voudrait bien le lui rendre mais ne sait pas très bien comment s’y prendre. Beaux décors, beaux paysages, excellents acteurs et puis….rien. Rien de rien. Dialogues charmants et intelligents mais qui se trainent, scénario inexistant, probablement le plus inutile de tous les films présentés en compétition. Le grand Alain Resnais, certes intouchable, se fait plaisir de vieux monsieur avec ses « Les Herbes Folles » et reçoit un Prix Exceptionnel du 62e Festival de Cannes, sans doute mérité, pour toute son œuvre.
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Like you know it all de Hong Songsoo (Corée du Sud, 126’)
Avec Kim Tae-Woo, Ko Hyun-jung, Uhm Ji-won

Ni riche, ni célèbre, Ku Kyung-nam a la réputation d’être un réalisateur de films d’auteur. Alors qu’il est membre du jury d’un festival d’une petite ville, il tombe nez à nez avec un de ses vieux amis, Bu. Après quelques verres, Ku est entraîné chez Bu où il fait la connaissance de sa femme qui prétend connaître tous ses films. Le lendemain matin, après une nuit de beuverie, Ku retourne à son hôtel où l’attend un message de Bu lui demandant de « ne plus jamais l’approcher ». Mais il n’a aucun souvenir des événements de la nuit.
Se déclinant en deux chapitres, le premier est assez amusant. Des situations cocasses qui basculent parfois dans l’absurdité, un personnage principal croqué avec malice surtout en tant que juré de festival (on imagine facilement les jurés de Cannes s’endormir comme lui au cours des projections...). Le deuxième chapitre ne me paraissait pas nécessaire et s’étire sur des banalités existentielles. Plus court, il aurait gagné en vivacité. A s’étirer, il attire l’ennui.
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Looking for Eric de Ken Loach (Grande-Bretagne, 119’)
Avec Steve Evets, Eric Cantona, Stéphanie Bischop, Lucy-Jo Hudson, Gerard Kerns

Eric Bishop est postier à Manchester. Totalement déprimé, malmené par ses ados de beaux-fils, sa vie est en plus un désert sentimental. Mais son idole, Eric Cantona, viendra à son secours et lui réapprendra la joie de vivre. Pas le meilleur opus de Ken Loach, mais tellement chaleureux, vivant et généreux qu’on a envie d’embrasser et Ken Loach et tous ces splendides acteurs anglais avec, à leur tête, un étonnant Steve Evets. Quant à Cantona, tout le monde sait que Cantona n’est ni un homme ni un acteur : il EST Cantona.
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Ne te retourne pas, de Marina de Van (France, 110’)
Avec Sophie Marceau, Monica Bellucci Andrea di Stefano, Brigitte Catillon

Voir chronique de Muriel Andrin.
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No one knows about Persian cats, de Bahman Ghobadi (Iran, 102’)
Avec Hamed Behdad, Ashkan Koohzad, Negar Shaghaghi

Une jeune femme et un jeune homme, tous deux musiciens, décident de monter un groupe. Ils parcourent Téhéran à la rencontre d’autres musiciens underground. N’ayant aucune chance de se produire à Téhéran, sauf clandestinement, ils rêvent de quitter l’Iran et de jouer en Europe. Changement de style total pour notre réalisateur bien-aimé de « Turtles can fly » et aussi Caméra d’Or à Cannes en 2000 pour « Un temps pour l’ivresse des chevaux ». Ce film est une passionnante découverte des milieux underground à Téhéran. Extrêmement intéressant et plein de courage.
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Nuits d’ivresse printanière, de Lou Ye (Chine, 115’)
Avec Gin Hao, Chen Sicheng, Wang Ping, Tan Zhuo, Jiang Jiagi

Obligé de tourner clandestinement, Lou Ye, continue à affronter la censure chinoise en réinventant un triangle amoureux entre un détective privé, l’amant surveillant le client jaloux. L’ivresse des nuits est torrentielle. Les passions sont déchaînées et montrées sans réserve. Une incontestable maîtrise dans la réalisation, une impudeur revendiquée, quelques surcharges inutiles. Un film très accompli, mais qui ne fera oublier ni l’esthétisant « Suzhou River » ni le très audacieux « Une jeunesse chinoise ».
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Polytechnique de Denis Villeneuve (Canada, 76’)
Avec Karin Vanasse, Maxim Gaudette, Sébastien Huberdeau

Le 6 décembre 1989, à l’Ecole Polytechnique de Montréal, 10 ans avant le drame de Columbine. Marc Lépine, un étudiant de 25 ans armé d’un fusil d’assaut, blesse 14 personnes et en tue 14 autres avant de retourner l’arme contre lui. Les morts étaient toutes des femmes, Lépine étant un fervent opposant à la cause féministe.
Villeneuve raconte cet événement tragique à travers le regard de Valérie et Jean-François, survivants du drame. La jeune comédienne, Karin Vanasse qui est à l’initiative du projet estimait qu’il était nécessaire de rappeler à la mémoire collective un événement aussi dramatique. Tourné en noir et blanc, un film fort et douloureux.
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Rien de personnel, de Mathias Gokalp (France, 90’)
Avec Jean-Pierre Darroussin, Denis Podalydès, Mélanie Doutey, Pascal Greggory

La société pharmaceutique Muller organise une grande réception au cours de laquelle les invités sont invités à jouer un jeu de rôle qui s’avère être en réalité un exercice de coaching pour les cadres de l’entreprise. Le vent de la panique et la paranoïa soufflent sur la soirée. Qui est qui, qui va rester, qui va être viré ? Dureté et cruauté de l’entreprise à laquelle personne n’échappe et où les bourreaux se révèlent parfois des pions vulnérables. Un premier film de Mathias Gopalp, intéressant bien qu’exagéré (quoique…) et soutenu par de bons acteurs « qualité française ».


Samson et Delilah de Warwick Thornton (Australie, 101’), Caméra ‘Or
Avec Rowan McNamara, Marissa Gibson, Mitjili Gibson, Scott Thornton

Samson et Delilah vivent dans une petite communauté aborigène isolée dans le centre du désert australien. Delilah s’occupe de sa grand-mère alors que Samson subit la musique de son frère et se perd dans les vapeurs de l’essence qu’il sniffe toute la journée. La vie y est monotone, rien ne s’y passe. Un drame survient et ils quittent le village. Mais abandonnés et seul, leur survie est précaire et ils se rendent compte que la vie en dehors de la communauté peut être cruelle...Très beau premier film de Warwick Thornton qui a obtenu la Caméra d’Or. Ce film est fort par sa retenue, le minimum de dialogue, la dignité des personnages et surtout par la beauté de la photographie somptueuse.
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Soudain le vide, de Gaspard Noé (France, 150’)
Avec Nathaniel Brown, Paz de la Huerta, Cyril Roy, Masato Tanno

Gaspard Noé égal à lui-même. Un vrai réalisateur, mais qui ne filme pas des êtres humains, n’écrit pas de dialogues et semble se ficher du scénario. Son film, c’est le bruit (bande son particulièrement envahissante), c’est Tokyo la nuit, c’est la drogue et le deal, le tout filmé la plupart du temps en plongée et noyé par des images psychédéliques qui représentent les hallucinations d’un camé. Il a sûrement des fans. Nous n’en sommes pas.
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The time that remains (Le temps qui reste), d’Elia Suleiman (Palestine, 90’)
Avec Elia Suleiman, Saleh Bakri, Leila Muammar, Yasmine Haj

L’auteur palestinien de la formidable « Intervention divine » (Prix du Jury à Cannes 2002), se remémore, à partir des lettres de sa mère, la vie de ses parents de 1948 à nos jours. Cette vie se confond avec l’histoire palestinienne et celle d’Israël. Lui-même se représente enfant, puis jeune homme, et enfin adulte tel qu’il est aujourd’hui, toujours aussi muet, toujours aussi grave, dans les situations les plus tragiques comme les plus absurdes. Son ironie, mêlée de pitié, rend l’atmosphère de ce « temps qui reste » tout à fait particulière.
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The Silent Army (L’Armée silencieuse) de Jan Van De Velde (Pays-Bas, 92’)
Avec Marco Borsato, Thekla Reuten, Adrian Galley, Ricky Kool

Eduard a réalisé tous ses rêves en Afrique. Mais tout bascule quand sa femme est victime d’un accident mortel et que parallèlement la situation politique du pays devient instable. Après une attaque contre un village voisin, le meilleur ami de son fils est enlevé et formé pour devenir enfant-soldat. Un film imparfait, un peu grandiloquent, mais généreux et instructif sur cette abominable plaie des guerres d’Afrique qu’est l’utilisation d’enfants-soldats.
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Thirst, ceci est mon sang, de Park Chan-wook (Corée du Sud, 133’), Prix du Jury ex-aequo
Avec Song Kang-Ho, Kim Ok-Vin, Kim Hae-Sook, Chin Ha-Gyun

Un jeune prêtre idéaliste se porte volontaire pour tester des vaccins destinés à combattre une nouvelle maladie infectieuse mortelle. Le test échoue, mais le prêtre va survivre et devient l’incarnation d’un miracle. Le problème est qu’il a besoin de sang frais pour survivre, Bon, le renversant « Old Boy », Prix du Jury à Cannes en 2004, n’a pas été dépassé, ni même égalé, mais dans la catégorie film de vampires, « Thirst » se voit, pour les amateurs, avec beaucoup de plaisir.
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Un prophète, de Jacques Audiard (France, 154’), Grand Prix
Avec Tahar Rahim, Niels Arestrup, Adel Bencherif, Reda Kateb, Hichem Yacoubi

Condamné à six ans de prison, Malik ne sait ni lire ni écrire. A son arrivé en Central à 19 ans, seul au monde, il paraît plus jeune, plus naïf, plus fragile que les autres détenus. Il tombe sous la coupe d’un groupe de prisonniers corses, qui font la loi dans la prison. Mais le jeune homme apprendra vite…Film événement de Cannes, incroyablement intense, riche et maîtrisé. On sort sonné de cette plongée dans l’univers carcéral, comme on ne l’a jamais vu, qui montre implacablement comment notre société est incapable de sauver des jeunes sans repères. A la fois un chef d’œuvre et une leçon de cinéma.
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Vengeance de Johnnie To (Hong Kong, 108’)
Avec Johnny Halliday, Sylvie Testud, Anthony Wong

Johnny Halliday, restaurateur de son métier, et ancien bandit qui perd peu à peu la mémoire, se venge du parrain de la mafia locale qui a fait tuer la famille de sa fille résidant à Macao. Des tueurs à gages, des balles tirées par centaines, quelques scènes extraordinaires, bref, un honorable film de genre par le spécialiste Johnnie To. Hélas, il y a l’autre Johnnny. Johnny, c’est une présence et une gueule (mais ça, on le savait déjà). Et c’est un formidable chanteur. Par contre, sa prestation comme acteur est ici tout bonnement calamiteuse. Heureusement, on ne le voit pas, et surtout on ne l’entend pas beaucoup…
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Vincere, de Marco Bellocchio (Italie, 128’)
Avec Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi

Dans la vie de Mussolini, il y a un lourd secret que l’histoire officielle ne raconte pas. Voici donc l’histoire véridique d’Ida Dalser, la maîtresse cachée de Mussolini avec qui elle eut un fils, Benito Albino, que le Duce reconnut avant de les abandonner tous les deux et les faire interner. Entrecoupé d’images d’archives et malgré la remarquable interprétation de la très belle Giovanna Mezzogiorno, le film intéresse, mais ne parvient pas à passionner vraiment.
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Visages de Tsai Ming Liang (France - Chine)
Avec Lætitia Casta, Jean-Pierre Léaud, Lee Kang-sheng, Fanny Ardant, Jeanne Moreau, Nathalie Baye, Mathieu Amalric

Un réalisateur taïwanais, Kong (Lee Kang-sheng) est invité à Paris pour tourner un film au Musée du Louvres sur le mythe de Salomé. Il confie le rôle de Salomé au top model Laetitia Casta et celui d’Hérode à Jean-Pierre Léaud. Mais le tournage se complique en raison de la mort de sa mère à Taïwan. « Visage » est un poème surréaliste qui nous convie à une succession de tableaux à l’esthétique éblouissante, somptueuse et sensuelle. Ce qui fascine chez Tsai Ming Liang c’est le travail de composition de chaque plan, les jeux de cadrages et sa richesse picturale. Ce film est aussi un hommage à la Nouvelle Vague et plus précisément à François Truffaut. Une oeuvre singulière et déconcertante qui n’est pas destinée à tous les publics mais assurément aux cinéphiles épris d’esthétique.

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Yuki & Nina de Nobuhiro Suwa et Hippolyte Girardot (Japon – France, 93’)
Avec Noë Sampy, Arielle Moutel

Yuki apprend que ses parents se séparent et qu’elle devra suivre sa mère au Japon. Elle élabore un plan avec son amie Nina. La fuite semble la seule issue...Regards d’enfants qui s’adressent aux adultes. Parti pris intéressant sur le ressenti des enfants subissant la séparation des parents et les blessures qu’elles provoquent. Malheureusement, traité trop naïvement, on se demande si les adultes s’y intéresseront ?

M.C. - M.D.

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