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BURIED

Rodrigo Cortez (Espagne 2010)

Ryan Reynolds

95 min.
3 novembre 2010
BURIED

Mini décor pour maxi thrill.

 

C’est avec trois bouts de ficelle - un crayon, un briquet, un cell phone – que ce petit film de série C dont la légende veut qu’il ait été réalisé en autant de jours que vous avez de doigts (comme son aïeul « Blairwitch project ») crée une ambiance de fièvre irrémédiablement angoissante.

Parce qu’elle ouvre au pari : Paul, enlevé, enfermé dans un cercueil et enterré vivant (mort, où serait l’intérêt ?) par des insurgés irakiens dispose de 90 minutes d’autonomie oxygénale pour sortir de son tombeau improvisé.

Y arrivera-t-il ?

L’enjeu de ce genre cinématographique repose non seulement sur des images et des sons, en l’occurrence denses et judicieusement distillés, mais surtout sur l’imaginaire du spectateur.

Qui trouvera, dans sa propre réponse à la taraudante question " de quoi Buried est-il la métaphore ? ", matière à apprécier ou à fuir ce « Six feet under » sur grand écran.

L’hynophobie ou la peur d’être enterré avant d’être complètement mort a été longtemps en tête du catalogue des angoisses humaines – suffisamment en tête pour que soit inventée un nouveau job.
Celui de croque-mort chargé de mordre un des doigts de pieds du défunt pour s’assurer que son sommeil soit bien le dernier.

Comme dans un des contes d’Edgar Poe les plus anxiogèniquement mis en scène par Roger Corman « The pit and the pendulum », c’est dans l’inexorable écoulement des secondes que se niche l’insidieux de nos relations inapaisées avec les notions de mort, de solitude, de crainte devant l’inconnu.

Face à ce film qui joue avec nos nerfs et nos incapacités, on se prend à penser à tous celles et ceux, dont la liste ne cesse de s’agrandir, qui ont été ou sont enlevés, manipulés, soumis aux délires idéologiques d’autres êtres humains.

Et l’on se prend à penser à Stéphane Taponier et Hervé Ghésquière, journalistes à France Télévisons enlevés, il y a 10 mois, quelque part en Afghanistan.

Et l’on se dit que tout compte fait « Buried » est un film bien triste. (mca)