Tom Hanks, Halle Berry, Hugh Grant, Doona Bae, Ben Wishaw, etc.
Nouvelle réalisation des anciens* frères Wachowski à qui l’on doit la célèbre trilogie Matrix (1999 - 2003) ainsi que d’un troisième réalisateur, l’allemand Tom Tykwer ( Cours, Lola, cours (1998) ; Le Parfum (2006)), qui est également le co-compositeur de la musique du film, Cloud Atlas est adapté du roman best-seller éponyme signé par un jeune auteur britannique, David Mitchell ( Cartographie des Nuages en traduction française, 2004).
Se partageant en 2 équipes pour narrer six histoires se déroulant à six époques différentes, les trois réalisateurs se sont répartis équitablement les séquences de ce film choral, en partie pour gagner du temps dans l’adaptation de cette oeuvre très complexe réputée inadaptable. Le pari est en grande partie relevé, même si 2h52 ne suffisent pas à balayer les innombrables intrications du roman, malgré la volonté des cinéastes qui, dans leur volonté d’être trop exhaustifs, se perdent dans les méandres de leurs histoires.
Ces récits suivent un beau panel de personnages : un avocat prenant la défense d’un esclave noir alors qu’il traverse le Pacifique en 1850, un compositeur homosexuel déshérité maltraité par un mentor durant l’entre-deux-guerres, une journaliste enquêtant sur le lobby du nucléaire, un éditeur vaniteux fuyant ses créanciers et tentant de s’échapper d’une maison de retraite, une "diner", ancienne serveuse coréenne contrôlée d’une chaîne de club-restaurant dans un futur proche (2144) menant le dernier entretien de sa vérité dans le couloir de la mort et enfin, dans un monde post-apocalyptique, un père de famille, habitant du Pacifique, faisant alliance avec une extraterrestre et témoignant du crépuscule de la civilisation et de la science.
Pour les acteurs, cette expérience relève de l’original puisque plusieurs d’entre eux incarnent pas moins de 6 rôles (notamment Tom Hanks et Halle Berry), tantôt féminins, tantôt masculins, adoptant des apparences totalement différentes au point de les rendre souvent méconnaissables : rajeunis, vieillis, travestis, l’on se doute que l’aventure du tournage a été exceptionnelle à vivre pour l’équipe.
Ces histoires sont à la fois distinctes et indépendantes et à la fois intrinsèquement mêlées, n’en formant qu’une seule, comme le souligne la mise en scène qui induit que chaque histoire a une incidence sur les autres, que les êtres se retrouvent d’une vie à l’autre au fil des siècles et au détour d’espace-temps différents. Certains segments ont une puissance dramatique bien supérieure à d’autres et l’inventivité des époques futuristes leur apporte une nuance supplémentaire. La volonté est clairement de souligner que tout est lié, dans une vision spirituelle de l’humanité donnant du sens au parcours individuel et collectif, illustrant l’impact de chaque décision et faisant de la mort, plutôt qu’une fatalité, un point de passage d’un plan à l’autre.
(Ariane Jauniaux)
* Depuis le dernier long métrage des Wachowski ( Speed Racer , 2008), Larry Wachowski a changé de sexe et s’appelle désormais Lana.