En compétition Internationale de longs métrages du Festival Filmer à tout prix 2017.
À travers le documentaire « Donna Haraway : story for earthly survival », le réalisateur bruxellois Fabrizio Terranova livre un portrait de la philosophe, sociologue et féministe américaine, Donna Haraway. Il en ressort un objet cinématographique étonnant et inhabituel, mais qui essaye, de par sa forme, de saisir et d’illustrer la pensée en mouvement de cette femme hors-du-commun.
Pour réaliser ce film, le réalisateur a rencontré la philosophe chez elle, en Californie. À travers des discussions où Donna Haraway laisse libre cours à sa pensée et à ses souvenirs, il organise son film en séquences thématiques. Cette méthode lui permet d’obtenir un semblant de fil continu autour duquel s’articulent un ensemble de réflexions autour de sujets allant des origines de l’orthodontie à la manière de repenser le concept de la famille, tout en passant par des souvenirs d’enfance.
En tant que spectateur, il est néanmoins facile de s’y perdre, mais cela semble faire partie intégrante du jeu. Il faut accepter l’idée de se faire emmener d’un sujet à un autre et d’ouvrir son esprit à d’autres modèles, ou plutôt à d’autres façons d’envisager les relations entre les êtres, y compris entre humains et animaux, et à repenser notre façon de vivre et de mourir. Pour illustrer tous ces dires et toutes ces pensées qui foisonnent dans le film, le réalisateur expérimente la forme du film en y incrustant par exemple des formes et des animaux dans certains plans, en effectuant des zooms sur le pelage d’une chienne, où encore en s’amusant à dédoubler le corps de la philosophe à l’image qui devient à la fois présente en avant-plan dans le temps présent du récit et en arrière-plan à un autre moment.
Ce portrait, projeté dans le cadre du festival Filmer à tout prix, est donc l’occasion de découvrir ou de redécouvrir la pensée de Donna Haraway à travers un film qui détourne les codes du langage cinématographique pour rendre au mieux les idées qui foisonnent et qui surgissent dans l’esprit de la philosophe.
(Nathalie De Man)