Drame intimiste
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DREI

Tom Tykwer (Allemagne 2010)

Sophie Rois, David Striesow, Sebastian Schipper

119 min.
29 juin 2011
DREI

Il y a plus de choses sur la terre et dans la terre que n’en rêvèrent les philosophes - Hamlet de Shakespeare.

Hélas , il y en a moins dans ce dernier film de Tom Tykwer que dans son premier, « Lola rennt » constate avec une lassitude un peu désabusée le spectateur lambda.

Comme si ce qu’on attend du cinéma, dégager une vérité particulière qui semble au moins aussi crédible tout étant moins banale voire moins triviale que dans la réalité, n’était pas au rendez-vous.

Laissant ainsi un arrière-goût non pas de mensonge mais de superficialité par manque d’empathie pour un sujet, deux personnes en aiment en même temps une troisième, qui semble pour l’instant un topique prisé par le 7ème art, « Les amours imaginaires » de Xavier Dolan, « La ballade de l’impossible » de Tran Anh Hung.

Ennui aussi parce que ni la trame narrative, ni la mise en forme, ni le regard posé sur les personnages n’incitent au maintien de l’attention comme si dès le départ ces fondamentaux du 7ème art dérapaient par manque d’équilibre et de souplesse, amplifié par une rigidité froide que même les actes sexuels « chaudement » representés n’arrivent pas à dégeler.

Il reste dans « Drei » peu de chose du jeune cinéaste multi casquettes (*) qui dans son thriller aussi speedé que romantique - « Lola rennt » déjà cité - captait et captivait par un rythme et une imagination envoûtants..

De la singularité de cette œuvre ne demeure ici qu’un des thèmes chers au réalisateur : les hasards et coïncidences qui font de la vie une page non écrite d’avance.

Et de la recherche d’une identité une question qui n’est pas nécessairement coiffée d’une réponse.

Identité sexuelle puisque un couple dans la quarantaine se partage, sans le savoir, le même amant, mais aussi identité familiale puisque de cet improbable trio naîtra un enfant autour duquel s’épaissira le mystère de savoir qui en est le père.

Il y a dans « Drei » une boboïsation des ancrages sociaux - on fait de la gym, on est amateurs d’art, on travaille à la télévision - et une mise en balance entre le plaisir des corps et les défis auxquels les soumettront la maladie, la vieillesse qui relèvent d’une systématisation, qui même si elle se situe hors de toute intention de juger ou de moraliser, est trop prévisible.

Tout comme érode la fluidité de la mise en scène le recours trop calibré (trop programmé) aux split screens, à l’alternance quasi mathématique de la légèreté et de la gravité et à une crispante vanité stylistique.

L’artiste propose, le spectateur dispose.

Face à « Drei », il est surtout indisposé par une prétention oscillant entre drame et bibicherie vaguement comique, qui se dégage de cette nouvelle approche urbaine du triangle amoureux.

Toute opinion n’étant que relative, il relève du plus élémentaire fair play de souligner que "Drei" a été bombardé par l’Académie des professionnels du cinéma allemand, de "Lola" (**), cet équivalent prisé de nos "Magritte". (mca)

(*) Il est à la fois réalisateur, monteur, scénariste et compositeur.

(**) Meilleures mise en scène et actrice, meilleur montage.