ET MAINTENANT ON VA OU ?

« Et maintenant on va où ? » ?.

Sûrement pas voir, en priorité, le dernier film de Madame Labaki qui réussit par un faisceau de faiblesses scénaristiques et scéniques à dynamiter l’humanisme de son questionnement - les femmes peuvent-elle, par leur ingéniosité, ramener les hommes à la raison et éviter que les différends religieux, au sein d’un petit village libanais ( ?) tiraillé entre chrétiens et musulmans ne se transforment en prétexte de discorde musclée ?

Faiblesses qui suscitent très vite perplexité (pourquoi cette radicalisation d’une image d’Epinal entre des femmes au pacifisme exacerbé, des prêtre et iman hyper tolérants et des hommes uniquement testostéronisés à la violence), ennui et agacement.

Un peu comme s’il ne restait du « Caramel », le titre de son œuvre précédent, qu’un coulis, trop peu nuancé d’agitation, de verbiage et de maladresse.

Agitation des acteurs qui confondent implication et fébrilité, sincérité et improvisation, engagement et manichéisme.

Verbiage et caquetage qui plombent des dialogues aussi inconsistants qu’incessants.

Maladresse de montage, de découpage qui rendent pathétiques les quasi copiés-collés des scènes introductives avec celles de films qualitativement mieux troussés - on pense à Suleiman « Intervention divine »pour les parties dansées et à Ghobadi « Turtles can fly » pour le transport d’une antenne permettant de capter la télévision.

La naïveté, la simplification des ambiances à peine tempérée par une fin qui se veut aussi profonde qu’absurde ne sont pas plus des réponses à la situation complexe du Proche et Moyen-Orient que les appels à en découdre et à sortir à la moindre provocation l’épée du fourreau.

A nos yeux œuvre pauvrelette, sans réel point de vue politique sauf à confondre celui-ci avec un fourre-tout poussif et indigeste (comme un excès de loukoums) fait de fable, de vaudeville, de référence antique (*) et d’entourloupes.

Aux yeux de certains, œuvre ambitieuse qui fait réfléchir ( !) « Et maintenant … » a remporté au festival de Toronto 2011 le prix du public…et au festival de Namur le Bayard d’or du meilleur film.  (mca)

(*) essentiellement à la pièce de théâtre « Lysistra » d’Aristophane et à sa célèbre recommandation « Pour arrêter la guerre, refusez vous à vos maris ».