James Franco, Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze, Rachel McAdams
Présenté hors compétition à la 65ème Berlinale en février dernier, Every Thing Will Be Fine , le dernier film de Wim Wenders a amplement divisé la critique. Et pour cause, s’il rassemble un casting de choix et si certains plans, filmés avec une méticulosité hors pair, sont de toute beauté (on soulignera notamment l’harmonie chromatique des décors et l’excellent travail photographique du belge Benoît Debie), l’envergure scénaristique de ce drame aux accents hitchcockiens (réalisé inutilement en 3D) ne tient pas ses promesses. Trop souvent amorcé par un thème musical lancinant, redondant et qui intervient à des moments totalement inopportuns, le suspense est mené avec lourdeur et finit par tourner court.
En empruntant avec lenteur un tracé multidirectionnel dans une atmosphère feutrée, ce film intimiste s’engouffre certes avec une honorable justesse psychologique et humaine dans les failles de la dépression, du deuil, de la culpabilité et de la repentance mais il isole regrettablement ses protagonistes sur les sentiers de la résilience. Même si à plusieurs reprises, une connectivité entre les personnages est tentée, les rencontres qui s’établissent au fil des saisons et des années n’atteignent jamais les sommets du sublime, et les sillons empruntés débouchent inexorablement sur des voies sans issue. Incontestablement, il est des solitudes incommunicables et des souffrances que l’on ne peut vivre qu’en parallèle de l’altérité, mais si le scénario était parvenu à créer une osmose curative entre les traumatismes individuels et les tourments séparés qu’une même tragédie a suscités, il aurait à coup sûr gagné en profondeur et en attrait.
( Christie Huysmans )