EYE IN THE SKY

Le colonel Katherine Powel est aux commandes d’une opération anglo-américaine visant à capturer un groupe de terroristes réfugiés au cœur de la capitale kényane, Nairobi. Le cœur de sa mission consiste notamment, avec l’aide de caméras espions camouflées dans des drones et d’un réseau militaire tentaculaire « confortablement » établi à distance, à appréhender vivante une ressortissante britannique convertie au radicalisme intégriste du groupe djihadiste Al-Shabbaab.

Thriller politico-militaire, Eye in the Sky révèle le dessous des cartes de ces missions top-secrètes dont les enjeux et les répercussions demeurent souvent insoupçonnées au commun des mortels. Rondement menée, la tension dramatique du film repose moins sur un suspense haletant que sur les réflexions que suscitent ces actions menées dans le cadre d’une guerre dite « propre » et technologique où les frontières géographiques semblent quasi abolies. En se nichant dans les coulisses des différents niveaux de pouvoir impliqués dans cette mission de haut-vol, le réalisateur sud-africain Gavin Hood donne la faveur au récit plus qu’à une action volcanique, et soulève, sans manichéisme, les dilemmes politiques, légaux, éthiques et humains qu’implique nécessairement toute entreprise militaire.

L’issue est certes prévisible car il n’existe point de guerre juste ; c’est juste la guerre. Et c’est Alan Rickman (l’ambivalent Professeur Rogue dans la série Harry Potter), qui incarne ici son dernier rôle, qui nous rappelle que ce sont inévitablement les victimes innocentes qui en paient toujours le plus lourd tribut.

( Christie Huysmans )