Anaita Wali Zada, Gregg Turkington, Jeremy Allen White
Donya (Anaita Wali Zada), réfugiée afghane, habite à Fremont, une petite ville américaine tranquille. La nuit, elle dort peu, incapable de trouver le sommeil. Le jour, elle travaille dans une entreprise de Fortune cookies, ces biscuits à l’intérieur desquels se trouvent une maxime ou une prédiction. Quand Donya obtient l’opportunité de rédiger ces phrases, une dose de folie vient se glisser dans sa vie solitaire.
Fremont se présente comme une histoire banale. Et pourtant, on comprend vite que sa protagoniste, Donya, est une femme à qui il est arrivé de nombreux événements au-delà de l’ordinaire. Son passé de traductrice pour l’armée américaine ne nous est qu’évoqué mais il est évident que son présent, à Fremont, est bien différent, loin des pressions politiques et des conflits. À Fremont, Donya vit une existence routinière, emplie de solitude et de culpabilité enfouie. Cette même vie qui, parfois aussi, offre son lot de beaux moments et de rencontres.
Le réalisateur iranien Babak Jalali nous offre une œuvre d’une grande douceur sur le déracinement et la difficulté à trouver sa place. Le cinéaste opte pour une mise en scène en noir et blanc, à l’image de l’histoire qu’il raconte : épurée et dont le rythme calme vient cueillir délicatement le spectateur. On voyage sans pesanteur d’une scène à une autre, suivant le quotidien monotone de Donya, son ennui, ses insomnies et aussi ces petits moments remplis de beauté. Le rythme du film peut parfois paraitre un peu lent si bien qu’on peut de temps en temps s’ennuyer un petit peu. Oubliez d’ailleurs les rebondissements, Fremont n’est qu’une suite de moments de vie et de rencontres. Heureusement, quelques touches d’humour viennent habiller le film là où l’émotion est plus subtilement présente.
Malgré un problème de rythme, Fremont nous séduit également grâce à sa protagoniste et à son interprète, l’actrice afghane Anaita Wali Zada. Donya est un personnage attachant, naviguant entre son passé et son présent. “Une fille faite de souvenirs”, dira l’un des personnages, déterminants pour tracer la suite de son chemin.
Fremont parvient à nous convaincre grâce à ce mélange entre interprétations justes, touches d’humour parcellaires, mise en scène et scénario sans grande fioriture. Un récit de vie doux-amer qui manque peut-être de moments d’émotion. Un film qui nous livre, comme à sa protagoniste, un instant de bonheur.
Flore Mouchet