Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener, Caleb Landry Jones, Bradley Whitford
Chris Washington s’apprête à rencontrer la famille de sa petite-amie, Rose Armitage. Il ne peut s’empêcher d’anticiper leurs réactions à cause de sa couleur de peau. À leur arrivée dans le domaine familiale, les parents de Rose se révèlent comme étant extrêmement gentils envers Chris, qui interprète ce comportement comme une tentative plus ou moins nerveuse de traiter la relation interraciale de leur fille. Mais rapidement, une série d’incidents de plus en plus troublants vont lui permettre de découvrir l’inimaginable.
En 1967, Stanley Kramer réalisait « Guess Who’s Coming to Dinner » avec Sidney Poitier et Katharine Hepburn. Cinquante ans plus tard, Jordan Peele réalise « Get Out ». Il s’agit du premier long-métrage du réalisateur, connu entre autres pour la série télévisée comique à sketchs « Key and Peele » avec Keegan-Michael Key. Le film est produit par Jason Blum, fondateur et directeur de Blumhouse Productions, qui a à son actif une trentaine de films au cours de ces dernières années. Il a collaboré avec des cinéastes tels qu’Oren Peli (« Paranormal Activity »), James Wan (« Insidious »), James DeMonaco (« American Nightmare »), M. Night Shyamalan (« The Visit », « Split »). L’acteur principal de « Get Out » est interprété par Daniel Kaluuya (« Sicario », Kick-Ass 2 » et prochainement « Black Panther »). On retrouve aussi Allison Williams, Marnie dans la série « Girls » de Lena Dunham, dans le rôle de Rose.
À la limite de la surenchère et du réalisme, « Get Out » commence à la façon d’une comédie pour tendre peu à peu vers le film d’horreur, en plaçant au cœur du récit le racisme comme menace principale. Mais revenons d’abord sur la séquence d’ouverture qui témoigne à elle seule du génie du réalisateur. L’une des caractéristiques du film d’horreur est de s’ouvrir sur le surgissement du monstre dans la vie quotidienne. « Get Out » débute par un plan séquence où l’on voit un jeune homme noir qui se promène dans un quartier résidentiel alors qu’il fait déjà nuit. Tout à coup, une voiture ralentit à son niveau et commence à le suivre. Toute la scène se déroule selon le point de vue du jeune homme. Si dans un premier temps, le personnage tente d’ironiser sur la situation afin de relâcher la tension, il va rapidement basculer de la paranoïa vers la peur, puisque la voiture va s’arrêter et une personne va en sortir pour venir le frapper et l’enlever. La musique a également toute son importance puisqu’elle vient accentuer ce changement de situation. Dès le début, on comprend donc que le monstre ici, c’est le racisme.
Ensuite, on fait la rencontre de Chris et Rose, ce jeune couple qui s’apprête à aller passer un week-end chez les parents de la jeune femme. Même si Rose tente de rassurer Chris sur le fait que ses parents ne sont pas racistes, elle lui dit déjà cette petite phrase qui annonce en quelque sorte la couleur : « mon père te dira sûrement que s’il avait pu, il aurait voté pour Obama une troisième fois ! ». Et en effet, nous allons voir que le racisme est partout et se niche dans les moindres petits détails qui, en s’accumulant, en deviennent insupportables. D’autant plus que tout le récit se construit autour du point de vue de Chris. Le summum de ce racisme ordinaire atteint son apogée lors de la petite fête organisée chez les parents de Rose avec un ensemble d’invités assez âgés qui ne cessent, par leurs attitudes et leurs remarques, de renvoyer le jeune homme à sa couleur de peau. La paranoïa s’installe peu à peu dans l’esprit du jeune homme, créant un climat de doute. Et au fur et à mesure des événements bizarres auxquels il assiste, ce sentiment va se transformer en une véritable angoisse qui sera plus que justifiée au vu de ce qu’il s’apprête à découvrir.
Au final, « Get Out » est bien plus qu’un film d’horreur. En se réappropriant les codes du genre, sans jamais tomber dans l’exagération sanglante, Jordan Peele réussit à faire de ce film une véritable satire horrifique de la société contemporaine américaine. Après avoir connu un succès phénoménal aux États-Unis, le film, qui a été produit avec moins de 5 millions de dollars et qui en a déjà rapporté 170 millions aux États-Unis, a débarqué sur nos écrans belges ce mercredi 3 mai. On ne peut que vous conseiller d’aller voir ce petit bijou qui vous tiendra en haleine grâce à un scénario bien ficelé. Vous allez rire et la seconde d’après, vous aurez peur.
(Nathalie De Man)