Adaptation d’un livre
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HEADHUNTERS

Mortem Tyldum (Norvège 2012)

Synnove Macody Lund, Aksel Hennie, Nicolaj Coster-Waldau

98 min.
25 juillet 2012
HEADHUNTERS

Qui dit prises de risques et grains de folie, contenu à la fois féroce, farfelu et satirique dit cinéma norvégien.

Celui-ci n’est jamais aussi tranquille qu’il paraît.

Dans « Kitchen story » de Bent Hamer la nature humaine est questionnée avec minutie et perplexité.

« Norway of life » de Jens Liens pose un regard sur les valeurs d’une société moderne déchirée entre conformisme et surréalisme.

Avec « Headhunters », la réflexion sur le malaise d’un Monde où coexistent la normalité et l’horreur, la logique et le saugrenu s’approfondit.

Et finit par dessiner le portrait d’un pays qui donne froid dans le dos - on se souvient tous du drame d’Utoya en juillet 2011.

Roger Brown (*) est un chasseur de tête connu et reconnu. Son désir de train de vie somptueux le transforme en cambrioleur d’œuvres d’art. Le jour où il décide de dérober un tableau de Rubens, « La chasse au sanglier de Calydon », sa bonne étoile le quitte. Il connaîtra la violence la plus extrême, la trahison et l’ombre noire de la paranoïa.

Les Anciens l’avaient proverbisé, « La roche Tarpéienne est proche du Capitole », Morten Tyldum le visualise : la vie rêvée est souvent proche du cauchemar.

Les facettes de « Headhunters » sont multiples. On peut y voir une cruelle plongée dans la vie des entreprises, le portrait d’un homme égoïste ou encore le face-à-face de deux stratégies de survie dans un créneau professionnel, celui des GPS, adonné au profit-avant-tout.

Très vite et quasiment sans répit, le spectateur est happé par cette histoire qui palpite sous les rebondissements - pas de place pour les temps morts mais du voltage à haut débit. Partagé entre cynisme, action, surprises et humour qui claquent comme des coups de fouet.

On frémit, on se sent provoqué et secoué par ce thriller qui fait de l’ambition une mauvaise conseillère, de la manipulation une arme à double tranchant, de l’arrogance un défaut majeur. Et en ébouriffante pirouette anti sordide de l’amour une réponse à nombre de difficultés.

Un chasseur dispose de plusieurs flèches dans son carquois. Lorsqu’il est bon, il n’a pas besoin de toutes les utiliser.

Il lui suffit, pour atteindre sa cible, d’en décocher une. Ou deux.

Celles de Morten Tyldum sont redoutablement efficaces. Parce ce qu’elles tirées avec une précision qui n’exclut pas l’alliance du brutal au cocasse.

« Headhunters » est adapté d’un roman de Jo Nesbo, un faiseur de polars qui mixte le rythme d’un Michael Connelly à l’intelligence d’un Henning Mankell.

Son remake américain est en préparation sous la direction de Sacha Gervasi. (mca)

(*) un épatant Aksel Hennie, curieux et réussi mélange de Steve Buscemi et de Fabrice Luchini.