Plus qu’un western
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HOSTILES

Scott Cooper (Etats-Unis, 2018)

Christian Bale, Rasamund Pike, Wes Studi, Jesse Plemons, Q’orianka Kilcher…

127 min.
28 mars 2018
HOSTILES

En 1892, le capitaine de l’armée américaine Joseph Blocker (Christian Bale), qui a passé vingt ans de sa vie à combattre les Indiens, s’apprête à prendre sa retraite. Avant de retourner à la vie civile, il est chargé à contrecoeur d’escorter un vieux chef Cheyenne rongé par le cancer, Yellow Hawk (Wes Studi) et sa famille jusqu’à leurs terres ancestrales dans le Montana. Leur route croise celle d’une veuve (Rosamund Pike), seule rescapée du massacre de sa famille par des Comanches. Pour survivre à l’environnement et aux attaques des tribus Comanche, les anciens ennemis vont être obligés de faire preuve de solidarité.

Avec " Hostiles ", Scott Cooper (" Stricktly Criminal ", " Les brasiers de la colère ", " Crazy Heart ") nous livre son meilleur film à ce jour, et un des meilleurs westerns de ces dernières années. Il n’y a par contre aucun besoin d’aimer le western - genre ô combien ennuyeux pour certains - pour apprécier cette grande fresque à la beauté saisissante, mais aussi à la violence poignante. " Hostiles " c’est un périple de plus de deux heures qui nous happe et fascine, notamment grâce à la beauté des paysages sauvages et de la bande son. Scott Cooper reprend les codes du western, mais contrairement aux vieux classiques du genre, très manichéens, " Hostiles " comporte des personnages à la psychologie développée ; il montre également le point de vue des Indiens (décimés, humiliés, réduits à quelques tribus éparses qui s’attaquent entre elles), des femmes qui luttent pour leur survie et celle de leur famille, des soldats brisés par la guerre. Les légendaires cowboys n’y apparaissent d’ailleurs quasiment pas, sauf dans une séquence qui les dépeint comme les pires crapules de tout le film.

" Hostiles " brille également par sa direction d’acteurs impeccable. Fidèle à ses habitudes, Christian Bale livre une prestation bouleversante, avec cette capacité de s’investir à fond mais aussi à se renouveler dans chaque rôle. Rosamund Pike est absolument déchirante de vérité et de souffrance dans le rôle de Rosalee Quaid, mère de famille qui a vu ses enfants tués sous ses yeux. Wes Studi (qui avait déjà joué aux cotés de Christian Bale et Q’orianka Kilcher dans " Le Nouveau Monde " de Terrence Malick), grand habitué des rôles d’Amérindien, campe un chef Cheyenne digne et crédible.

Violences raciales, port d’armes, voilà de vieux éléments fondateurs de la société américaine qui font aussi écho à l’Amérique de Donald Trump… Nul n’est vraiment innocent dans " Hostiles ", mais au sein de ce vivier de haine raciale, de violence et de massacres qu’est l’Amérique de 1892, des hommes et des femmes de camps ennemis vont voir se réveiller en eux l’étincelle d’humanité qui fait d’eux des êtres humains capables de compassion.

Nadia Vodenitcharov