Documentaire
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HUMAN FLOW

Ai Weiwei
140 min.
24 janvier 2018
HUMAN FLOW

Avec ce documentaire ambitieux, l’artiste chinois de renommée internationale, Ai Weiwei, cherche à comprendre la situation de plus de 65 millions de personnes qui ont été contraintes de quitter leur pays pour fuir la famine, les bouleversements climatiques et la guerre. Nous nous trouvons, aujourd’hui, face au flux migratoire le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale. Cet état de crise, dont l’ampleur catastrophique a de terribles répercussions humanitaires, n’est pas près de s’apaiser si les pouvoirs politiques des différents régimes qui gouvernent le monde ne décident pas de trouver des solutions justes et d’avoir au moins une chose en commun, c.à.d. l’humanité, la protection des êtres humains et des droits de l’homme.

Les moyens techniques mis en place sont d’envergure ; des drones survolent les camps de réfugiés, donnant parfois l’impression d’attacher une trop grande importance à l’esthétique des images. C’est aussi une façon de pouvoir se déplacer dans 23 pays différents, tel un oiseau, libre, qui peut se déplacer où bon lui semble, contrairement à tous ces êtres humains, pris au piège dans des espaces confinés, délimités par des grillages et des barbelés sans la moindre ressource pour survivre.

La démarche d’Ai Weiwei a tendance à être critiquée, tant lui-même se met en scène. Néanmoins, il mène sa quête, décidé à comprendre le sort de tous ces hommes, ces femmes, ces vieux et ces enfants en souffrance, partout dans le monde.
Une jeune bénévole dans un camp de réfugiés allemand surpeuplé et hyper organisé, témoigne du fait qu’on peut leur apporter de l’aide matérielle, un minimum, soit, de quoi manger, de quoi se laver et de quoi dormir, mais que le plus dur, est de leur donner un sentiment d’humanité.

Une vérité insoutenable, qui ne peut être rendue entièrement dans un documentaire de 140 minutes. L’option du film, qui est un des outils parmi d’autres formes d’expression, s’avère avoir un impact sur une grande audience, car il est facile à comprendre et permet d’amener cette situation alarmante à l’attention du public. Un signal d’alarme pour montrer qu’il n’y a pas " une communauté des réfugiés ", mais, qu’en tant qu’être humain, nous faisons tous partie d’une communauté, celle des êtres humains : l’humanité. Il faut comprendre que ce qui arrive à l’autre peut nous arriver d’exactement la même façon et que, par conséquent, nous sommes tous déjà en danger.

À diverses reprises, l’attitude d’Ai Weiwei peut être éprouvée comme choquante, comme s’il utilisait le malheur des autres pour faire la part belle à sa carrière. Tout comme l’instantané qu’il avait pris de lui-même, échoué sur une plage grecque. Dans le documentaire " Human Flow ", le ton n’est pourtant pas provocant et l’artiste chinois, dont l’ego est certes surdimensionné, s’approche de certains réfugiés, rigole parfois avec eux, permettant ainsi un contrepoint à cette réalité émotionnellement dure à accepter. Il s’agit ici d’aller vers l’autre, d’échanger un moment avec lui, afin de le comprendre, adoptant une attitude positive, humaine. Rejeter l’incompréhension, terreau de la haine, qui divise les gens, mène aux guerres et plonge notre futur dans l’ombre.

À travers sa démarche, et pour reprendre ses propres paroles, Ai Weiwei, pense qu’il est possible de prendre conscience, de faire un effort et de voir qu’un réfugié n’est pas différent de nous et que le cataloguer comme terroriste est profondément inhumain.

Quand bien même les foudres que l’artiste s’attire sont fondées, le documentaire qu’il nous livre est d’une valeur importante, à ne pas négliger.

Luz