Vincent Lindon, Benjamin Voisin, Stefan Crepon
Pierre élève seul ses deux fils. Le plus jeune, Louis, part à la Sorbonne, tandis que son grand-frère, Fus, perdu et frustré, se rapproche de groupes d’extrême droite. Loin des valeurs de Pierre, cette nouvelle affiliation engendre des tensions familiales et la relation entre Pierre et son ainé se brise petit à petit.
C’est un film politique que nous délivrent Muriel et Delphine Coulin, avec leur nouveau long-métrage Jouer avec le feu. Et qui par-là divisera sans aucun doute ses spectateurs. Il est pourtant évident de noter que le film frappe fort et juste. Les deux sœurs cinéastes s’accompagnent d’un trio d’acteurs absolument convaincants. Vincent Lindon (sans surprise) est bluffant en rôle de père d’abord en colère puis désabusé. L’interprétation des deux jeunes acteurs qui jouent ses fils (Benjamin Voisin et Stefan Crepon) est elle aussi plus qu’à la hauteur de l’histoire délivrée. La mise en scène sans fioritures est couplée à un scénario bien ficelé et entrainant. L’équilibre familial est lentement bouleversé par l’arrivée des nouveaux idéaux de l’ainé, jusqu’à se briser et s’effondrer totalement.
Jouer avec le feu nous tient en haleine jusqu’à la fin. On est face à un récit qu’on pourrait appeler une “descente aux enfers”. Les signaux alarmants sont là, repérés par le père. Les avertissements de vigilance donnés à son fils qui plonge dans la violence aussi. On sent arriver le pire, en étant, comme Pierre, impuissant.
Jouer avec le feu est une œuvre sobre dans sa forme mais intense dans son fond, qui nous émeut, nous ébranle et qui ne nécessite pas de longs discours pour inciter à son visionnage. Simplement : allez-y !
Flore Mouchet