Virginie Efira, Aurélien Recoing, Bouli Lanners, Benoît Poelvoorde
Pendant que le jury du festival de Rome primait le film d’Olias Barco, j’assistais à sa projection à Bruxelles et j’étais … déçue. Quelles étaient les qualités de "Kill me..." pour justifier pareilles récompenses (Grand prix et Prix du Public) ?
Comme quoi, et il n’est pas inutile de le dire et de le redire, pour se faire une opinion rien ne remplace le déplacement en salle pour se frotter yeux, esprit et cœur ouverts (et si possible dépoussiérés de tout a priori) à une œuvre et créer avec elle un lien qui soit personnel.
Eloigné de ce qu’en pensent les chroniqueurs, même les meilleurs et les décerneurs de palme, même les plus qualifiés.
Le docteur Krüger propose à ses patients de les accompagner dans leur désir de mettre fin à leurs jours. Avant de partir, il les aidera à réaliser un dernier souhait.
Est-il un bienfaiteur de l’humanité, un avisé homme d’affaires, un dangereux apprenti sorcier ?
Tourné en noir et blanc et caméra à l’épaule, porté par l’envie de se situer dans la lignée d’un humour absurde-à-la-belge (*), soutenu par des comédiens qui peinent à se retrouver dans un scénario un peu trop foutraque, « Kill me… » est un film où la beauté artisanale souvent propre aux productions nationales à petit budget n’est pas au rendez-vous.
Remplacée un fastidieux "dents de scie" entre farfelu et insensé, entre grotesque et ridicule, toujours glaçant et volontiers sinistre, "Kill me ..." traque au travers d’une série de patients pathétiques, la souffrance de vivre en portant au cou névroses, mal-êtres, dépressions et pathies diverses.
On ne rit pas souvent et quand on le fait ce n’est jamais de bon cœur. Mais plutôt de façon bileuse. Comme pour se décharger d’une tension face à une ambiance-règlement de comptes qui dégénère, même sans tronçonneuse, en massacre qui n’a rien de poilant.
Parce que la mort n’aime pas que l’on modifie sa trajectoire et que l’on substitue à son omnipotence - frapper quand elle le décide et comme elle le décide - une intention personnelle.
N’utilisant pas toutes les possibilités offertes par une idée qui valait pourtant un pesant « noir » que Jean Teulé avait su trousser avec humour dans son « Le magasin des suicides » (*) et tirant d’une façon trop sinistre sur la corde du dérisoire, l’intérêt de « Kill me… » a pourtant une utilité.
Celle de de rappeler qu’en Belgique, le droit de mourir dans la dignité est une alternative offerte à chacun.
Il suffit de téléphoner au numéro suivant : 02 502 04 85 ou d’envoyer un message à info@admb.be. (mca)
(*) "C’est arrivé près de chez vous" de Belvaux, Bonzet et Poelvoorde, "Aaltra" de Delépine & Kerven
(**) Editions Julliard.