Cinéphile

KITCHEN STORIES

Bent Hamer

Joachim Calmeyer, Bjorn Floberg, Tomas Norström, Reine Brynolfsson

95 min.
28 janvier 2004

J’ai eu le privilège de découvrir ce film à la Quinzaine des Réalisateurs du dernier Festival de Cannes, Quinzaine qui est née en 1969 du désir de certains de voir un cinéma différent dans un lieu qui doit les montrer tous…

Déjà remarqué en 1995 pour EGGS, son premier long métrage, Bent Hammer fit à nouveau sensation cette année avec KITCHEN STORIES envahissant les rues de Cannes de petites roulottes vertes de formes ovoïdes…

L’idée du film « KITCHEN STORIES » se base sur une enquête ménagère datant de la période de l’après-guerre où le travail de la mère au foyer commençait à être considéré comme un métier à part entière. Des entreprises privées confièrent à des experts le soin de démontrer, études scientifiques à l’appui, que la cuisine est le lieu privilégié du ménage et qu’une cuisine bien organisée est la garantie d’un ménage en bonne santé.

Imaginez un instant que la mère de famille suédoise, dans les années 5O, parcourait, dans sa cuisine, en moyenne annuelle, la distance équivalente à celle qui sépare la Suède du Congo !

Aussi bien, suffisait-il de repenser l’implantation de différents éléments afin de réduire considérablement les efforts de la mère au foyer et il lui suffirait alors d’aller en Italie du Nord pour servir son repas !

C’est autour de ce thème qu’il a construit sa fiction. 
Une équipe d’observateurs avisés venant de l’Institut Suédois de Recherche sur la vie Domestique débarquent en Norvège, dans ce petit coin reculé de Landstad, connu pour son nombre impressionnant d’hommes célibataires afin d’observer le quotidien de l’homme vivant seul.

Bent Hamer signe une fable drôle et touchante sur la solitude et l’amitié. Il nous entraîne dans un voyage qui nous mène à la découverte de rivalités entres deux individus de pays voisin.
Friand de petites notations insolites, le réalisateur n’en fait pourtant jamais trop dans le décalage, et bien qu’un soin manifeste soit apporté ici à l’esthétique, la sobriété de la mise en scène laisse toute la place aux comédiens. Lesquels s’avèrent être pour beaucoup dans le charme de cette histoire très simple… MD