Juliette Binoche, Edith Scob, Charles Berlintg, Jérémie Renier
Décidément, on a du mal à suivre le parcours cinématographique d’Olivier Assayas. Après « Boarding Gates », thriller centré sur les pérégrinations d’une femme en quête d’elle-même, le réalisateur porte à l’écran une histoire intimiste, récit d’une famille confrontée à la perte d’un de ses membre fondateurs : la mère.
Ce nouvel opus marque la volonté d’Assayas de réaliser un film plus ancré dans le sol français, dans sa patrie propre. Un retour aux sources, quelque part, d’autant que « L’Heure d’été » touche à une thématique familiale, tout en s’inscrivant dans le projet initié par le Musée D’Orsay de réaliser des films portant à l’écran des œuvres de sa collection.
Par plusieurs tableaux successifs, le réalisateur pose le décor pour mieux le mettre en question, celui de la maison de famille qui, bientôt, se verra désertée de son habitante. Elle sera alors abandonnée aux mains des enfants de cette dernière. Héritiers partagés entre le désir de garder ce lieu chargé de souvenir et la nécessité de s’en débarrasser.
Au travers de cette histoire, Assayas pose la question de la succession. Celle qui se transmet par les objets. Il sonde chacun de ses personnages, pour tenter de comprendre comment ils réagissent à la perte d’un proche.
Bien que cette problématique soit intéressante et pertinente en soi - qui n’a jamais réfléchi à ce type de question ? -, le parti pris d’Assayas est relativement décevant. Il se centre en effet exclusivement sur les meubles, les vases, les tableaux laissés par la disparue. Il n’y a de place dans « L’Heure d’été » que pour les choses inertes et le futur qu’il faut leur accorder.
Est-ce parce que le film est une commande du Musée D’Orsay ou simplement parce que les objets sont les éléments les plus porteurs de sens pour le réalisateur ? Difficile à dire.
Toujours est-il que l’on a du mal à comprendre cette obsession pour le mobilier, cette focalisation sur des murs, au détriment d’une quelconque réflexion sur ce que l’être perdu a transmis à sa descendance, non pas en terme objectuel, mais en émotion, en affectif, en humanité.
A aucun moment n’est amorcée une discussion sur ce qui se transmet de génération en génération, d’individu à individu. Alors que c’est sans doute la chose la plus essentielle qui soit.
On a finalement la sensation de passer à côté de quelque chose avec « L’Heure d’été ». Cette mise en image d’objets ne se suffit pas à elle-même, et n’arrive pas (ou très peu) à masquer le vide qui se profile derrière la monstration de l’inanimé. (Justine Gustin)