L’histoire de Souleymane

À toute allure. Souleymane, au rythme de son vélo qu’il conduit endiablement, ne se donne aucun répit. Demandeur d’asile, il se prépare à l’entretien qu’il aura dans quelques jours pour obtenir ses papiers. Un moment décisif pour lui qui définira son futur.
Vibrant. L’histoire de Souleymane nous mène dans 48h de la vie de Souleymane. Un moment décisif couplé au quotidien chargé du jeune homme. Au guidon de son vélo, il déambule dans Paris, allant à la rencontre des clients et de connaissances. D’un café offert à une collision avec une voiture, d’une nuitée en centre d’accueil à celle dans un couloir d’un immeuble, la vie de Souleymane est rythmée entre routine et grands imprévus.
Ce quotidien, il nous bouleverse. On est comme cloué au vélo de Souleymane, vivant avec lui ses craintes, ses échéances et ses quelques moments de repos. Plus qu’un personnage, c’est toute son humanité que son interprète parvient à nous transmettre. Abou Sangare, lui-même demandeur d’asile au moment du tournage du film, délivre une performance plus que sincère, avec un regard magnétique qui nous bombarde d’émotions. Si le long-métrage nous raconte l’histoire de Souleymane, c’est de son expérience que s’inspire Abou Sangare. Une interprétation qui a fait grand bruit lors du Festival de Cannes et dont on comprend l’engouement.
L’histoire de Souleymane est simplement à voir, pour de multiples raisons mais qui pourraient se résumer à cette performance. Plus qu’une performance, Abou Sangare témoigne. Le témoignage d’une réalité, invisible pour beaucoup et invisibilisée par beaucoup, celle des migrants. À travers ce film, presque documentaire, on nous montre à quel point ils sont relégués aux marges. Souleymane finalement n’est qu’un parmi tant d’autres, qui brandissent tout leur courage pour se donner la chance d’avoir un meilleur avenir.
Boris Lojkine nous délivre un très bon film dont on ressent tout le travail documentaire effectué en amont. Aucun artifice, aucun effet de mise en scène. Pas besoin. Le film nous embarque et nous laisse en mémoire l’histoire et le visage de Souleymane.

Flore Mouchet