L’Histoire du Petit Paolo est une capsule franco-belge composée de quatre courts-métrages d’animation ayant pour fil conducteur la musique. Chaque film se distingue par un graphisme différent et un style musical propre. L’ensemble offre une richesse didactique indéniable non seulement sur le plan musical mais aussi sur le plan pictural. Les opportunités de développement créatif et éducatif sont légion pour des classes de dernières maternelles ainsi que pour les deux premières années du primaire (voire même au-delà, selon les exploitations pédagogiques et culturelles envisagées ultérieurement par le corps enseignant[1]).
Sous un coin de ciel bleu d’Arnaud Demuynck et Cecilia Marreiros ouvre la danse dans un chromatisme à dominante bleue. Réalisé en papier découpé numérique, ce court métrage de quatorze minutes fait la part belle à des chants aux rythmes latino-américains. C’est Agnès Jaoui qui prête sa voix à une princesse mélancolique, qui trouve réconfort auprès de sa servante, mère de huit enfants et enceinte du neuvième. Le film n’a pas été apprécié par les enfants de cinq et huit ans qui l’ont découvert avec nous : trop de bleu dans ce film !, trop triste ! et la fin, quelle horreur ! ont-ils estimé spontanément. Et il est vrai que l’on ne peut donner entièrement tort à nos chères têtes blondes : la fin est certes surprenante mais elle pourrait donner lieu à un débat intéressant sur le sujet de l’adoption. Par ailleurs, d’un point de vue graphique, la texture du dessin, tantôt fleuri, tantôt impression textile, pourrait susciter la créativité des enfants dans leur jeu de coupage, collage et assemblage qu’il s’agisse de papier ou de tissu.
Fugue est le second volet du programme et a été entièrement réalisé par ordinateur par Vincent Bierrewaerts : le dessin est minimaliste, le trait et les couleurs sont réduites à leur plus simple expression mais la symphonie contemporaine qui accompagne un drôle de petit bonhomme durant onze minutes vient combler le « vide » laissé par la dominance du blanc et scande admirablement les gris et les bleus de cet étonnant « Arlequin Artificier »[2]. Les enfants ont été très réceptifs à la musique dès les premières notes de flûte et il y a fort à parier que c’est la sobriété du dessin qui est parvenue à capter aussi aisément leur sensibilité musicale.
La garde-barrière d’Hugo Frassetto est le court-métrage le plus humoristique et met le violon à l’honneur. Le dessin est d’inspiration cubiste et offre dès lors une belle opportunité d’inviter nos enfants à poser leur regard critique et candide sur les toiles d’un Braque ou d’un Picasso. L’histoire est simple mais sort tous ses effets : une garde-barrière, violoniste, surfant sur « YouCube », accompagnée d’une vache membre du site « Meutic », fait tout pour partager sa musique avec les passagers du train qui passe devant chez elle et qui, jamais, ne s’arrête.
C’est enfin L’Histoire du Petit Paolo [3] de Nicolas Liguori qui clôture ce programme. Le court-métrage alterne des images animées et l’intervention filmée de l’accordéoniste Marc Perrone dans une classe. Ce mélange hybride est quelque peu décevant par la piètre qualité des prises de vue filmées en milieu scolaire mais le dessin gouaché qui raconte l’histoire de Paolo Soprani, l’un des fondateurs de l’industrie de l’accordéon en Italie, est quant à lui poudré d’une belle poésie.
En conclusion, l’ensemble comporte quelques inégalités mais les possibilités pédagogiques qu’il recèle, méritent d’être largement saluées.
( Christie Huysmans )
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[1] Nonobstant la qualité et l’apport éducatif des quatre courts-métrages, les enfants âgés au-delà de huit ans risqueraient de les trouver trop naïfs voire simplistes si leur exploitation culturelle est laissée en friche.
[2] L’Arlequin Artificier est une toile de Joan Miro, lequel était un grand amateur de musique et fut une source d’inspiration pour de nombreux musiciens.
[3] L’Histoire du Petit Paolo est une adaptation d’un conte musical de Marc Perrone.