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L’HOMME QUI VOULAIT VIVRE SA VIE

Eric Lartigeau (France 2010)

Marina Fois, Catherine Deneuve, Romain Duris, Niels Arestrup

115 min.
3 novembre 2010
L'HOMME QUI VOULAIT VIVRE SA VIE

Le Je de la réalité contre le Je du rêve. Ou les deux parties, souvent tiraillées, d’un même.

Pourquoi s’intéresser à ce film, adaptation sans prétention voire académique d’un livre de Douglas Kennedy, malignement programmé pour que les ventes décollent ?

Parce que, à sa manière, il offre une séduisante hypothèse. Rebelle et transgressive.

Ancrée dans le concret alors que l’époque - la nôtre - privilégie le refuge dans l’exclusive virtualité lorsqu’il s’agit de compenser la médiocrité d’une existence ressentie comme ennuyeuse et emprisonnante.

Apparemment Paul a dans sa besace tout ce que la société exige pour oser prétendre être un homme heureux : femme, enfants et métier rentable.

En réalité Paul étouffe derrière ses barreaux dorés et décide, après une soirée dramatique, de prendre son existence à bras le corps.

De fuir diront certains au lieu d’assumer un geste malencontreux. D’oser enfin larguer les amarres pour vivre la vie dont il a toujours rêvé diront les autres.

Fidèle à la légende du phénix qui doit mourir pour renaître, Paul choisit de disparaître, de se faire passer pour mort et de ne plus entretenir avec le Monde qu’une relation distanciée.

Métaphorisée par un appareil photo qui ne le quittera plus et à travers lequel il pose dorénavant son regard sur les autres - un peu comme David Hemmings dans "Blow up" d’Antonioni. Evitant ainsi tout contact humain direct pouvant l’engager.

Paul c’est un Romain Duris envoûtant. Réussissant à nous convaincre qu’il est possible de se reconstruire. Autrement et plus authentiquement. Même si le prix à payer pour cette liberté acquise s’avère parfois lourd.

Il y a quelque chose de douloureusement romantique et de fantomatiquement désespéré voire angoissant dans cette quête d’une nouvelle identité.

Paul, comme les chats (*), aura-t-il droit à plusieurs vies ?

Si le film ne tient pas sur la longueur le fil du suspens avec la même intensité, il permet de s’interroger sur une question que chacun est amené à se poser. Un jour ou l’autre.

La vie, sa vie, doit-elle être menée avec raison. Ou avec passion ? (mca) 

(*) ou James Bond dans " You only live twice" de Lewis Gilbert