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LA LANGUE DE MA MERE (Sprakeloos)

Hilde Van Mieghem

Flor Decleir, Hans Kesting, Marie Vinck, Rik van Uffelen, Stany Crets, Viviane De Muynck …

105 min.
15 mars 2017
LA LANGUE DE MA MERE (Sprakeloos)

La cinéaste anversoise Hilde Van Mieghem a su adapter avec brio l’histoire réelle du roman à succès de Tom Lanoye, « Sprakeloos », où il rend hommage à sa mère.

Sous les traits de Jan Meerman, l’histoire relate la vie bouleversée de l’écrivain lorsque sa mère est soudainement victime d’une attaque d’apoplexie qui s’accompagne d’un grave trouble du langage. Elle, si flamboyante et enjouée, qui la veille encore se faisait applaudir sur les planches du théâtre amateur où elle était connue, ne parvient plus qu’à baragouiner des sons peu compréhensibles. Confronté à la métamorphose et à la vieillesse de sa mère, Jan est incapable de finaliser son roman et remet en question sa vie et ses priorités.

Le film raconte avec justesse cette « confrontation brutale face à la volatilité des choses » comme le souligne la réalisatrice, la perte des proches, l’inévitable vieillissement, les soins nécessaires, le retournement des rôles entre parents et enfants. La vulnérabilité face à cette inconnue est grande, mais le récit semble nous dire que c’est une étape inévitable et donc indispensable de la vie, qu’il faut franchir afin d’en sortir grandi.

Navigant entre le présent et le passé des années 1970, lorsque le père de Jan faisait la cour à sa mère, le récit met scène les constructions mentales du protagoniste, Jan, qui tente de comprendre des zones obscures dans le passé de sa famille. Jan doit lutter contre ses propres démons, afin d’accepter le présent, d’accepter le futur et avant tout d’accepter le passé, afin de faire part d’une grande loyauté envers sa mère. Nous sommes proches de la tragédie des mythologies.

Au-delà de la beauté d’une histoire si, il s’agit ici d’un récit universel, qui nous parle d’une thématique que l’on a encore du mal à traiter à l’écran comme on le vit. « Sprakeloos » signifie littéralement « sans voix » - comme lorsqu’on est stupéfait - et on peut dire que d’une certaine façon, le film de Hilde Van Mieghem nous laisse la gorge nouée, le goût des larmes chaudes s’étant mêlé aux éclats de rire… comme dans la vie.

Luz