Biopic
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LA MÔME

Olivier Dahan (France 2007 - distributeur Cinéart)

Marion Cotillard, Gérard Depardieu, Clotilde Courau, Pascal Greggory

140 min.
14 février 2007
LA MÔME

S’il est vrai que la simplicité est le chemin le plus direct vers l’émotion encore faut-il qu’elle s’accompagne de lisibilité et d’authenticité.

Et c’est là que le bât blesse.
Parce que le film patine et s’enlise dans un chaotique processus narratif faits d’incessants allers-retours chronologiques et topologiques qui déconcentrent et finissent par fatiguer le spectateur le plus disposé à la bienveillance.

Parce qu’il ne suffit pas de maquiller à l’identique une actrice pour qu’elle habite un personnage.
Marion Cotillard en fait des tonnes. Elle pleure, elle boit, elle souffre, elle se drogue, elle aime, elle meurt avec lourdeur et emphase. Parfaite marionnette entre les mains d’un cinéaste dont on ne sait pas très bien s’il a voulu rendre un hommage à une chanteuse ou donner à une actrice une occasion de performer.

Rien ne nous a été épargné, dans la coûteuse campagne de promotion de « La môme » des efforts consentis par la comédienne pour habiter (ou phacogyter ?) son personnage (implantation des cheveux modifiée, épilation des sourcils, interminables séances de maquillage…). Ces artifices au lieu de servir la ressemblance au personnage, la desservent parce qu’ils soulignent ce que justement Piaf n’était pas.

Elle n’était pas une femme apprêtée et déguisée. Elle avait cette audace suprême d’être elle-même sans fard ou faux semblant. Elle était émotion pure et non émotion jouée, elle incarnait l’idée du drame, pas du mélodrame, elle était populaire pas spectaculaire. 

Son parcours de vie n’a rien du romanesque qui se dégage de la mise en scène de Dahan. Il hoquète, souvent fatal et chimérique, entre dureté et fragilité, entre générosité et mesquinerie, entre malheurs et rires.

Avec Piaf on n’est pas dans l’exploit, on est dans l’humain.
Avec Cotillard on est dans un mirage construit, dans la reconstitution besogneuse qui peut mettre mal à l’aise parce qu’elle finit par ravir à l’être incarné ce qu’elle a de plus précieux : sa dignité.

Au mieux « La môme » pourrait devenir un cas d’école en posant au biographical picture sa question existentielle : sa crédibilité tient-elle à des capacités d’imiter ( « Ray » de Taylor Hhackford ) ou de transposer (Virginia Woolf dans « The hours » de Stephen Daldry) ?

Dieu merci dans son entreprise de « copier/coller » à un mythe, Olivier Dahan n’a pas sacrifié à la mode musicale du jour : le tribut à l’artiste consistant à faire interpréter par d’autres ses chansons.
Il reste donc à regarder le film, les yeux fermés, pour mieux se laisser emporter par la voix magique et prégnante de celle qui savait si bien faire rimer bouleversant et contingent. Cette voix qui continue à râper l’âme jusqu’au vertige. (m.c.a)