les voix de : Jean-Louis Trintignant, Grégory Gadebois, Denis Podalydès, Dominique Blanc .
« Il était une fois un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. Il était une fois... Une expression magique qui ouvre les portes du merveilleux, mais pas toujours. Cinéaste très éclectique, explorant tous les genres, de « The Artist » aux parodies, films de guerre ou d’horreur, Michel Hazanavicius s’est offert une halte, une halte au coeur de son histoire familiale, au plus profond de la tragédie. C’est la lecture du conte de Jean-Claude Grumberg dont il est proche qui a tout déclenché. Mais comment dire la Shoah en fiction, en images inventées ? Dessinant depuis toujours, Hazanavicius s’est lancé dans un travail au long cours, et lentement les personnages s’incarnent, parfois très linéaires, parfois d’un réalisme minutieux. Et devant nous se déploie un récit bouleversant, alternant des moments de grâce mélancolique et de violence à vif. Nous sommes dans la forêt, en Pologne ? C’est la guerre. Aucun lieu n’est nommé, ni aucun peuple. Mais les « sans coeur » doivent être éliminés. Des trains de marchandises parcourent les paysages. Vers où et avec quelle marchandise ? Un jour, un père jette sa petite fille du train et... pauvre bûcheronne, qui n’a pas d’enfant, la recueille, la sauve malgré tous les dangers. Pauvre bûcheron s’insurge, imprégné de préjugés et de la haine ambiante mais cela ne durera pas. Petit à petit, il s’attachera à la petite, et la caméra captera des moments de tendresse lumineux.
Forêts enneigées, parfois gorgées de lumière, lapins, oiseaux, comme autant de parenthèses, mais comment dire sans montrer ? Hazanavicius montre, dans une sorte d’entre-deux. Silhouettes dans la brume, soldats et chiens, tout y est, mais comme estompé. Sauf un moment, où l’image, bien que stylisée, nous saute au visage, et rappelle les documentaires.
Un film précieux lui aussi, en hommage aux Justes, à ceux pour qui ne comptait que leur propre éthique, souvent à contre courant de toute une société.
On en sort le coeur serré, avec la voix prenante de Trintignant, unique, et un chant yiddish qui vient de loin...
Tessa Parzenczewski