Drame historique
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LADY MACBETH

William Oldroyd

Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hamilton, Naomie Ackie, Christopher Fairbank

88 min.
12 avril 2017
LADY MACBETH

Pour son premier long-métrage, William Oldroyd transpose la nouvelle Russe de Nikolai Leskov, sortie en 1865, « Lady Macbeth of Mtsensk District », dans l’Angleterre rurale du 19ème siècle. Retour au pays d’origine donc pour cette Lady assoiffée de pouvoir. La référence avec l’archétype shakespearien de la femme déterminée et impitoyable est évidente et ne présage rien de bien.

L’histoire de « Lady Macbeth » est celle de Katherine, une jeune fille vendue à un homme aigri, Alexandre, de deux fois son âge et impuissant à satisfaire le moindre devoir conjugal. Recluse dans la grande demeure et privée de sortir dans les magnifiques paysages qui l’entourent, Katherine étouffe d’ennui. Peignée avec vigueur et étroitement corsetée, chaque matin, par sa fidèle servante et presque amie Anna, Katherine ne se plie guère au rôle subordonné attendu d’une femme. Rappelée à l’ordre par le père de son mari, Boris, un vieil homme aussi charmant qu’une maladie infectieuse, la jeune fille nonchalante ne se laisse pas impressionner.

Au-delà du soin apporté à une mise en scène digne du classicisme en peinture, William Oldroyd réussit à distiller une sensation d’asphyxie, où l’air austère de la grande demeure semble avoir empoisonné la jeune fille. Son comportement scandaleux lui permettra dans un premier temps de se libérer du joug de l’homme, mais son ambition effrénée va rendre Katherine horrible jusqu’à en faire un être dénué d’humanité.

Florence Pugh est aussi captivante qu’effrayante dans le rôle de Katherine, qui va s’emparer des rennes et diriger ainsi la funeste destinée de la maisonnée. Profitant du voyage de son mari, Katherine donne corps à une passion bestiale avec un jeune travailleur sur le domaine, Sebastian, qu’elle va très vite posséder et utiliser afin de mener à bien ses désirs les plus cruels.

Mais, alors qu’il aurait été intéressant de pousser plus loin cette pulsion animale, quel dommage de voir la virilité de ce jeune homme s’estomper plus vite que son ombre. Serait-ce dans le souci de souligner le retournement des rôles homme-femme ? Toutefois, cela décrédibilise un peu le personnage de l’homme en en faisant presque une caricature du simplet lâche.
Le personnage de Katherine souffre aussi, par moments, d’un côté cliché où elle ressemble davantage à une enfant têtue et gâtée qui n’en fait qu’à sa tête, qu’à une Lady perfide et dangereuse, mue par le seul désir d’ascension sociale.

De fait, le personnage le plus humain, le plus raisonnable et normal, est sans aucun doute celui d’Anna, la servante. Elle nous permet de s’identifier à elle et de raccrocher à ce récit déshumanisé.

Il s’agit bien d’un film sur la condition de la femme, dont l’image, tout comme celle de l’homme, ne peut se contenter d’être gentille et docile. Un être humain, dans son entièreté, dans toute sa complexité est amené à faire des choix, à répondre à des désirs, à réussir, à faillir, bref, à avoir des côtés obscurs autant que des côtés lumineux.

Un film d’époque pas ordinaire, à contempler et méditer.

Luz