Coup de coeur
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Coup de coeurLARS AND THE REAL GIRL

Craig Gllespie (USA 2007 - distributeur : A-Film distribution)

Ryan Gosling, Emily Mortimer, Paul Schneider

106 min.
27 février 2008
LARS AND THE REAL GIRL

Il y a des films qui touchent par leur douceur et le sentiment de bien-être et tristesse mélangés qu’ils procurent.

Qui donnent envie, une fois rentrés chez soi, d’ouvrir les tiroirs à la recherche du doudou ou du nounours qui nous a aidés à affronter nos chagrins et peurs d’enfant, à grandir et finalement à devenir l’adulte que nous essayons d’être aujourd’hui.

Donald Winnicott, le célèbre pédopsychanalyste anglais, a donné un nom à ces peluches usées à force d’avoir été aimées. Il les a appelées « objets transitionnels » (*)

Parce qu’ils servent à faire la transition entre deux états. A passer d’ une fragilité, d’ une angoisse à une capacité à faire face à la vie réelle sans douleur excessive.

Lars a 27 ans. Timide employé de bureau ses rapports avec les autres se limitent au respect de la convenance mondaine la plus minimaliste.

Un jour il rencontre sur le net une amie qu’il souhaite présenter à ses proches. Etonnés de découvrir qu’en fait Bianca est… une poupée en silicone.

A partir de cette idée - en passe de devenir, s’il faut en croire le Paris-Match de ce 20 février 2008 en page 99 un fait de société - le cinéaste et sa scénariste Nancy Oliver (**) vont développer un récit empreint d’une tendresse, d’une compréhension, d’une émotion qui saisissent par leur profondeur et leur excentricité.

Comédie à la fois légère et grave, « Lars… » pose un regard d’une folle audace sur les lubies ou fantasmes des humains.

Sans juger, sans essayer de persuader le « fiancé » de l’ineptie de sa conduite, toute une petite communauté, avec l’aide d’un médecin dont on aimerait cloner la bienveillante patience, va accepter de se prêter au jeu du « comme si Bianca était une « real girl » - ce qu’elle est de toute façon pour Lars - et attendre que les choses reprennent leur cours normal.

Ce qu’elles feront mais en mieux. Puisque Lars ressort de cette expérience, que l’intelligence de la narration va colorer de quelques touches thérapeutiques, fortifié dans ses capacités à aborder le charnel de l’existence.

La main qu’il tend à sa collègue de bureau - scène qui scelle la fin du film et l’aube de son entrée en « normalité » - est non seulement la promesse de lendemains qui chanteront mais elle a la poésie et la beauté de celle d’« Edward Scissorhands » lorsqu’il rencontre Dianne Wiest.

Sans être virtuelle comme dans "S1mOne" de Andrew Niccol, tourmentée comme dans « Grandeur nature » de Luis Berlanga, misogyne comme dans « Monique » de Valérie Guignabodet ou franchement sexuelle comme dans « Love object » de Robert Parigi, la relation d’un homme et d’une poupée est abordée avec une infinie délicatesse ne faisant jamais de Lars un pantin (***) mais un être en recherche d’équilibre affectif.

Cette histoire plus proche du souhait de chacun de se voir accepter dans ses particularités les plus étranges que du conte de fées (****) est portée à bout de cœurs par des acteurs qui sont tous, du premier au dernier rôle, épatants.

Ce Lars n’a rien de Trier, mais il a tout pour à la fois faire rire et faire pleurer. (m.c.a)

(*) Dictionnaire de la Psychanalyse sous la direction de Roland Chemama et Bernard Vandermersch édité aux éditions Larousse-Bordas.
(**) Surtout connue pour être scénariste-productrice que la série télévisée « Six feet under ».
(***) Allusion au roman masochiste de Pierre Louÿs « La femme et le pantin »
(****) De toute façon on va au cinéma aussi pour rêver.