Chronique dramatique
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Coup de coeurLE TEMPS QUI RESTE

François Ozon (France 2005 - distributeur : ABC Distribution)

Melvil Poupaud, Jeanne Moreau, Valeria Bruni-Tedeschi, Daniel Duval

85 min.
30 novembre 2005
LE TEMPS QUI RESTE

Comment réagit-on quand on a 30 ans et que l’on apprend qu’on va bientôt mourir d’un cancer généralisé ?

La réponse qui va être celle de Romain, bel homosexuel et photographe de mode talentueux, sera de décider de mourir seul.

Non pas parce qu’il est seul mais parce qu’il souhaite utiliser le temps qui lui reste à se mettre en ordre avec lui-même, à se réconcilier avec ce qu’il aurait pu être et qu’il n’a pas été.

Comme toujours Ozon transgresse, détourne un sujet de son approche conventionnelle pour délivrer une œuvre forte, personnelle, et rebelle.

Il filme les corps avec une attention et une tendresse qui évoquent la délicatesse avec laquelle Chéreau dans le film « Son frère » évoquait la beauté fragile d’un être humain en train de mourir.

Melvil Poupaud est déchirant de vérité dans ce rôle d’un égoïste futile qui, le moment venu, s’en ira mourir, dépouillé de tout, près de la mer sur ce sable cher au réalisateur qui en a si souvent exploité le sens symbolique de matériau utilisé pour mesurer l’écoulement du temps

Que l’on se souvienne de Charlotte Rampling dans « Sous le sable » cherchant, la main en visière, un mari qui a disparu dans la mer ou de l’inquiétante Marina de Van se promenant sur la plage de l’île d’Yeu dans « Regarde la mer »

Film profond, épuré, centré sur un essentiel : quitter la vie avec la force de ceux qui ont su
se (et la) regarder avec lucidité, « Le temps qui reste » appartient à ce cinéma qui aborde, sans désespérer, le chemin qui mène, chacun plus ou moins vite, vers sa finitude. (m.c.a)