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Le voyage de Talia

Christophe Rolin

Nadège Bibo-Tansia, Aminata Sarr, Oumy Sow

139 min.
17 mai 2023
 Le voyage de Talia

« J’suis pas assez africaine non ? J’suis quoi alors ?! » lance Talia à son alter ego, Malika.
Ces quelques mots élaborent le questionnement de Talia sur son identité et l’origine de son voyage sur les terres sénégalaises où ses racines commencent.

Talia est une jeune Afro-Belge qui, suite à une rupture amoureuse, débute un voyage introspectif dans son pays d’origine, le Sénégal. A Dakar, elle loge dans la luxueuse villa de la famille de sa cousine, dans l’espoir de rencontrer sa grand-mère. Mais cette dernière est introuvable et la villa devient rapidement une « prison dorée ». Un jour, elle rencontre Malika, une mystérieuse marchande ambulante d’oiseaux.

C’est avec Malika que Talia explore les ruelles de Dakar, les habitants, leurs coutumes, la nourriture, les couleurs, les odeurs. « Tout est différent » en Belgique, trouve Talia. L’air chaud du Sénégal est différent de celui de la Belgique. Et c’est en sueur que Talia approche de son but. Mais elle doit le faire seule, sans Malika.

Malika est son alter ego, celle qui est née en Afrique, celle qui y a grandi, celle qui voudrait être un oiseau pour voler au dessus des mers et voir la Belgique. Elle représente cette part d’identité manquante que Talia recherche et qu’elle pense trouver à l’aide de sa grand-mère.

La simplicité et le naturel avec lesquels, Nadège Bibo-Tansia (Talia) et Aminata Sarr (Malika) interprètent les diverses émotions soulèvent la question du genre. La frontière entre documentaire et fiction est dans ce film particulièrement fine. Le réalisme des images, les décors naturels et la fluidité du montage participent à ce questionnement, et sont autant d’éléments qui composent le cinéma du jeune réalisateur. Habitué des circuits non traditionnels du cinéma, Christophe Rolin travaille en lumière naturelle et préfère découvrir de nouveaux talents.

Issu du documentaire, il réalise Sleepless Djigit avec Marc Recchia, et coréalise un court métrage, DEM DEM, avec Pape Bouname Lopy et Marc Recchia. Le Voyage de Talia est donc son premier long métrage, à travers lequel il nous offre une douce poésie introspective qu’il a écrit avec des images tantôt naturelles, tantôt oniriques.
Grâce cette poésie, l’auteur souhaite ouvrir la discussion « sur la singularité de la diaspora africaine", en Europe.

Quant au genre du film, le réalisateur le classe dans le genre peu connu coming-of-age. Un film coming-of-age, littéralement traduit par « passage à l’âge adulte », est centré sur les thèmes de la jeunesse, de la croissance et de la maturation et où l’accent est placé sur un personnage central. Dans ce cas, il s’agit de Talia, qui nous fait voyager avec elle pendant 79 minutes qu’on ne voit pas passer. 79 belles minutes à se rendre dans une salle de cinéma dès le 17 mai prochain !

Sat Gevorkian.