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LES AIGUILLES ROUGES

Jean-François Davy (France 2006 - distributeur : BFD) - en rapprochement avec "Le Temps des Porte-Plumes" de Daniel Duval

Jules Sitruk, Richard Berry, Damien Jouillerot, Bernadette Laffont

93 min.
24 mai 2006
LES AIGUILLES ROUGES

Le cinéma est une manière de raconter ou de se raconter.

Va-t-on assister, dans le 7ème art, au même phénomène que celui qui fait florès - avec un degré de qualité très inégal - en littérature à savoir le besoin pour le réalisateur de se pencher sur un moment de sa vie.

Ces « auto fictions », même lorsqu’elles se présentent comme inspirées par la réalité, restent un lieu de miroitement - propice à être capturé par la caméra - dont l’enjeu, tel qu’il est ressenti par le spectateur, est moins de se préoccuper de la fidélité à ce qui s’est passé que de s’intéresser à la façon dont le souvenir s’organise.

Dans « Les Aiguilles Rouges » Davy va rappeler un souvenir de son adolescence au moment de la guerre d’Algérie. Durant 4 jours passés à la montagne des scouts vont avoir à lutter contre les éléments et découvrir, dans ce partage d’angoisses face à l’épreuve, le sens du mot solidarité.

Dans « Le Temps des Porte-Plumes » Duval va se souvenir de son arrivée dans une famille de paysans qui vont lui apporter une tendresse et un soutien qu’il n’avait jamais connus auprès de ses parents d’origine.

Ce qui pose problème avec ces deux films, c’est tout autant leur facture classique qui manque cruellement d’audace cinématographique - on se croirait dans de bons vieux standards français décriés par ceux qui ont fait « La nouvelle vague » - que le fait qu’ils soient pétris de tellement bons et prévisibles sentiments qu’on peine à y croire.

Pourtant la tension y est : les jeunes scouts parviendront-ils à échapper aux périls de la montagne ? Le jeune Duval se laissera-t-il apprivoiser par ses parents d’accueil ?
Pourtant la conviction des réalisateurs est palpable : Davy croit aux inquiétudes et au courage de ses héros, Duval fait passer sur la pellicule la tendresse qu’il éprouve pour Cécile et Auguste qui l’ont recueilli lorsqu’il était enfant.

Ce qui aurait pu faire liant et susciter, jusqu’au bout, l’intérêt voire la sympathie c’est pour Davy une d’humilité dont le manque renvoie à l’excès de narcissisme de Joseph Chahine dans l’évocation de ses souvenirs de jeunesse dans « Alexandrie-New York » et pour Duval un aplanissement de la mièvrerie qui déforce un propos suffisamment touchant par lui-même.

Comparaison n’est évidemment pas raison. Mais il demeure ardu de se mesurer à ce qui est une indéniable réussite, parce juste équilibre entre émotion et maîtrise, dans le genre autobiographique  : « Le Vieil Homme et L’enfant » de Claude Berri. (m.c.a)