Film animalier
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LES ANIMAUX AMOUREUX

Laurent Charbonnier (France 2007 - distributeur : les Films de l'Elysée)

La voix de Cécile de France et la musique de Phlip Glass

95 min.
19 décembre 2007
LES ANIMAUX AMOUREUX

Marguerite Duras ne pouvait écrire qu’après avoir mis en ordre son bureau. Elle était, sans le savoir, comme ces animaux qui, avant le premier rendez-vous amoureux, ont besoin de faire le ménage dans leur antre.

Un peu comme si l’acte fondateur de la création, qu’elle soit humaine ou animale, procédait de ce même principe de faire table propre pour mieux accueillir l’aventure qui s’annonce.

Aventure abordée avec une imagination sans borne s’il faut en croire les ingénieuses parades auxquelles ont recours celles que Colette appelait affectueusement « Nos amies les bêtes » pour attirer le représentant du sexe opposé.

On s’amuse beaucoup à ce joli et souvent coquin documentaire qui s’intéresse à plus de quatre-vingt espèces différentes filmées aux quatre coins de la planète.

Au moment où la Bibliothèque Nationale Française ouvre les portes de son Enfer, ce lieu dans lequel étaient scellés au public les écrits licencieux, il est réjouissant de constater combien le sexe peut se montrer, dans le rège animal, dans tous ses états sans susciter curiosité polissonne, clins d’œil complices ou transgressives cogitations.

Ainsi lorsque la reinette fait de la balançoire une arme de séduction personne ne voit dans son balancement le jeu coquet du voyeurisme/exhibitionnisme des « Hasards heureux de l’escarpolette » de Fragonard.

Laurent Charbonnier est un habitué du cinéma animalier (*). Il sait donc que ce qui intéresse ce sont les images et une bande son naturelle qu’il n’est pas nécessaire de surcharger - surtout quand elles se suffisent à elles-mêmes - de commentaires qui, de toute façon, sont voués à vite être oubliés.

Au texte envahissant il a préféré deux encadrements vocaux de début et de fin de film auxquels la voix de Cécile de France apporte une suave coloration et une musique de Philip Glass qui suit, avec l’agilité du serpentin, les péripéties, couacs et climaxes des rencontres amoureuses.

Les meilleures choses finissant par lasser, Charbonnier a le knack de mettre fin aux aventures
de ses dauphins, kangourous, manakins, bouquetins, canards et autres poissons-clowns après 95 minutes. Juste à temps pour éviter l’overdose et vivifier chez le spectateur l’envie d’un rendez-vous… amoureux, bien sûr. (m.c.a)

(*) il a notamment participé en tant que chef opérateur au « Peuple migrateur » de Jacques Perrin et au « Dernier trappeur » de Nicolas Vanier