Adam Bessa, Tawfeek Barhom, Julia Franz Richter, Hala Rajab
Il s’appelle Hamid. Il est syrien. Il vient d’Alep où il enseignait la littérature. C’était avant, avant la guerre... Il a passé de longs mois en prison, subi les tortures les plus féroces. Sa femme et sa fille sont mortes sous les bombes. Nous le retrouvons à Strasbourg, demandeur d’asile. C’est à ce personnage que s’attache Jonathan Millet, d’un bout à l’autre du film nous ne le quittons pas. Nous l’accompagnons dans sa quête acharnée pour démasquer le tortionnaire qui sévissait en prison. Et nous découvrons tout un monde. Au-delà des statistiques, les chiffres prennent visages. Venu du documentaire, le réalisateur dont c’est le premier long métrage de fiction, tisse son récit de fragments de réalité, qu’est-ce qu’une vie d’exilé aujourd’hui au coeur de l’Europe ? Petites notations qui étoffent l’intrigue principale qui prend tout l’espace.
Film d’espionnage ? Thriller ? Les deux. Hamid fait partie d’un réseau clandestin dont les membres récoltent patiemment des indices en Allemagne et à Strasbourg pour identifier les sbires de Bachar Al Assad. Avec Hamid, nous écoutons les témoignages d’anciens détenus, c’est le passé, mais hélas aussi le présent, car disparue de la Une, la torture est toujours là...
Lorsque Hamid croit reconnaître en un banal étudiant en chimie, Harfaz son tortionnaire, le film bascule en une sorte de huis-clos. Conversations côte à côte, d’abord anodines, ensuite presque sur la corde...
A l’écoute constante de la vie intérieure de son protagoniste, du corps blessé qui parle, Jonathan Millet parvient en même temps à maintenir une tension narrative maximale, quasi physique.
Dans le rôle de Hamid, l’acteur tunisien Adam Bessa incarne d’une manière bouleversante toutes les nuances du personnage.
Un cinéma au cordeau, où rien n’est superflu, et qui fait parfois penser au meilleur Melville.
Tessa Parzenczewski