LES HUIT MONTAGNES

Glaciers, torrents et lacs, c’est dans les montagnes du Val d’Aoste que se déroule le roman de Paolo Cognetti dont Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch se sont inspirés. Et l’on retrouve à l’écran toute la finesse et l’émotion du livre. Deux enfants se rencontrent dans un minuscule village en montagne. C’est l’été. Pietro vient de la ville, Bruno vit au village et travaille déjà aux champs. Une grande amitié naît. Nous les suivons dans leurs escalades parfois périlleuses en compagnie du père de Pietro. Traits tracés sur des cartes, sentiers repérés, progressivement toute la nature s’anime, et l’écran n’est plus qu’un vaste paysage, un gigantesque gros plan, quasi omniprésent tout le long du film. Est-ce pour autant que le reste s’efface ? Le temps sépare. Les classes sociales aussi. Le père de Bruno est maçon, celui de Pietro, ingénieur. Bruno restera au village, Pietro retournera à la ville, les années passeront… Devenu écrivain, Pietro retourne au village et retrouve Bruno. L’amitié est intacte. Tous deux s’interrogent sur le sens de leur vie, parlent à cœur ouvert, Pietro tourné vers le vaste monde, ira jusqu’au Népal, toujours les montagnes… Bruno s’ancrera, s’isolera dans ses alpages.
Immergés dans l’univers italien, dans une nouvelle langue, le réalisateur et la réalisatrice sont parvenus à restituer d’une manière extraordinaire les échanges , les non dits, l’essence même de l’amitié , loin de toute posture et de tout jeu social. Ne reste que l’essentiel et…l’émotion.

Tessa Parzenczewski