Policier
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LES LIENS DU SANG

Jacques Maillol (France 2008 - distributeur : Les films de l'Elysée)

Francçois Cluzet, Guillaume Canet, Clotilde Hesme, Marie Denarnaud

107 min.
6 février 2008
LES LIENS DU SANG

Après les sœurs Papin, les frères Papet. Un lien entre les deux : les « Blessures assassines » (*)datant d’une enfance dont on se remet difficilement.

L’histoire des premières a inspiré Jean Genêt. Les seconds ont choisi la voie de la biographie à quatre mains - comme les sœurs Groult - pour se raconter dans « Deux frères, flic et truand » (**).

Michel et Bruno Papet sont encore en vie. Et semblent plutôt contents de l’intérêt que manifestent les medias à leur égard.

Dans le film de Jacques Maillol, si la réalité est parfois spectacularisée - enjeu cinématographique oblige, l’un des frères mourra - elle est en même temps soigneusement reconstituée.

C’est d’ailleurs un des atouts-charme de ce polar d’avoir, jusqu’au grain de la pellicule qui semble « gonflé » comme dans les années 1970, réussi à restituer l’ambiance d’une époque. Dans un Lyon aux couleurs automnales, où le blouson de cuir, les cheveux longs et les Gitanes sont à la mode.

Où la télévision donnait à voir, en ouverture de son journal télévisé du 2 novembre 1979, l’exécution de Jacques Mesrine et à entendre le générique de l’émission d’Armand Jammot « Les dossiers de l’écran ».

Gabriel sort de prison après y avoir passé, pour meurtre, 10 ans. Son frère, François, devenu inspecteur de police, l’aide à se réinsérer. Et le protège, aux frontières de la légalité, lorsqu’il se rend compte que Gabriel replonge dans la truanderie.

Depuis toujours les réussites du cinéma de genre ont été des rencontres entre des personnages et des comédiens. Delon est inséparable de l’inspecteur Borniche du « Flic story » de Jacques Deray, Gabin de Max-le-Menteur dans « Touchez pas au grisbi » de Jacques Becker , Dewaere du « Juge Fayard » d’Yves Boisset.

C’est encore le cas dans ces « Liens… » portés avec une conviction extravertie par un François de
Cluzet qui, une fois la surprise assimilée de son look rétro et moustachu, séduit dans un rôle de malfrat qui tente d’endosser une respectabilité pour laquelle il ne semble pas taillé.

Avec une conviction intravertie par un Guillaume Canet, persuadé d’être le fils mal aimé d’un père
ressenti comme injuste.

Chacun des frères gagne quelque chose de sa relation à l’autre. L’envie d’aimer et de communiquer pour l’un, l’équilibre et l’éventualité d’un apaisement pour l’autre.

Avec en arrière fond, une époque rendue avec une grande justesse et en avant fond un amour fraternel dessiné avec une anxieuse finesse, « Les liens… » dessinent une intrigue moins intéressante que la densité des relations qu’elle autorise.

Profondeur et ambiguïté qui donnent à ce film, nostalgique et habile, un éclairage essentiellement émotionnel auquel les seconds rôles - mention à Clotilde Hesme (**) et Marie Denarnaud - apportent, comme souvent dans les polars de qualité, la précieuse présence des rôles injustement appelés seconds.

Alors qu’ils sont essentiels. (m.c.a)

(*) Du titre du film de Jean-Pierre Denis consacré à celles qui ont, par l’assassinat de leurs patronnes, défrayé la chronique judiciaire en 1933
(**) Paru aux éditions Robert Laffont
(**) Dont le sourire illumine le cinéma d’aujourd’hui comme celui de Sandrine Bonnaire dans les années 1980.