Docu-fiction
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LITTLE DIETER NEEDS TO FLY & RESCUE DAWN

Werner Herzog (Allemagne 1997/2006 - distributeur : La Cinémathèque à Flagey)

Dieter Dengler et Christian Bale

9 avril 2008
LITTLE DIETER NEEDS TO FLY & RESCUE DAWN

A un cinéaste hors du commun des personnages hors norme.

Ce n’est pas la première fois que Werner Herzog est attiré par des sujets de pointure XXL (*) mais c’est la première fois qu’il va s’intéresser au même sujet en le traitant de deux façons différentes.

En 1997 c’est en tant que documentaliste qu’il porte son regard original et acéré sur Dieter Dengler - un aviateur abattu durant la guerre du Vietnam au-dessus du Laos - et son évasion du camp où il fut emprisonné et torturé.

En 2006 il revient sur le thème Dengler mais en tant que fictionnaliste, avec dans le rôle titre
un Christian Bale très charismatique et qui, une fois encore, surprend par sa capacité à se couler dans des rôles difficiles et différents (**) avec une aisance qui en fait le lointain descendant du dieu Protée.

Qu’il s’agisse de privilégier un reportage ou une fiction, Herzog reste avant tout un metteur en scène c’est-à-dire quelqu’un qui sait que pour approcher la réalité il faut en passer par le fantasme.

Le sien d’abord et celui de Dieter Dengler puisque celui-ci va non seulement raconter son aventure dans « Little Dieter… » mais la revivre sous l’œil d’une camera qui, pour mieux être captatrice de la vérité, va suivre le personnage dans une reconstruction in situ de son histoire.

Reconstruction qui fascine sans avoir dans sa besace un arsenal d’effets spéciaux ou d’images-chocs mais juste l’attention fiévreuse d’un cinéaste qui sait tirer du réel sa part de poésie et de mystérieux hasard.

Cohérent mélange qui avait déjà fait de « L’énigme de Kaspar Hauser » une œuvre déroutante et fascinante.

Cette atmosphère parfois surréaliste parfois hyperréaliste, toujours proche de l’essentiel c’est-à-dire le courage d’un homme à surmonter des épreuves aussi multiples que la maltraitance, la famine, la solitude, la peur, la désorientation géographique, se retrouve dans « Rescue Dawn » - le film dans lequel Dieter Dengler est joué par Christian Bale - mais d’une façon plus diluée.

Sans doute parce que l’épreuve n’arrive pas à être aussi tumultueusement décrite lorsqu’elle est
re-présentée par un tiers que lorsqu’elle est re-vécue par celui dont le corps et l’esprit ont été parties prenantes au danger.

Et c’est justement ce qui rend captivante la démarche du cinéaste : comment rendre au mieux compte de ce qui a été ? Est-ce par la reconstitution d’une histoire par celui qui l’a vécu ou par sa revisitation par un acteur professionnel ?

Chacun de ses films peut être vu séparément mais les coupler permet de mieux comprendre en quoi la manière Herzog a marqué de son empreinte, faite de folie et de raison, le cinéma allemand et au-delà de celui-ci le 7ème art.

 
Une interview de Christian Bale est proposée sur le site www.allocine.fr . Il n’hésite pas en évoquant le tournage de « Rescue Dawn » à parler d’expérience.

Mot particulièrement bien choisi pour parler d’un cinéaste qui a l’habitude de confronter et de se
confronter à la primordiale et peut-être seule question existentielle : comment survivre ? (m.c.a)

(*) « Nosferatu » , « Fitzcarraldo », « Aguirre, der Zorn Gottes », « Woyzeck »
(**) « Equilibrium » de Kurt Winner, « American Psycho » de Mary Harron, « El maquinista » de Brad Anderson, « Batman begins » de Christopher Nolan, « Velvet goldmine » de Todd Haynes