Niaiserie
1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s)

MADE IN ITALY

Stéphane Giusti (France 2008 - distributeur : Les Films de l'Elysée)

Amira Casar, Françoise Fabian, Caterina Murino, Gilbert Melki

90 min.
13 août 2008
MADE IN ITALY

La seule chose qui soit équilibrée dans ce deuxième long métrage (*) que le réalisateur consacre à ses origines italiennes et dont le titre est déjà annonciateur d’une brouillonne fausseté - « Made in Italy » comme les contrefaçons « Made in China » - est sa durée.

90 minutes. Le timing parfait pour un film imparfait mais qui pourtant ne manque pas de tempérament. Malgré ses maladresses narratives. Malgré la platitude de sa mise en scène.

Parce que justement ce dont il est question dans « Made in … » c’est de diathèse, de personnalité et de vitalité. Qui de coincées deviennent débridées.

Lucas Morandi, écrivain en jachère, survit en écrivant des guides touristiques sur le pays qui l’a vu naître. Il vit chez sa sœur, une Amira Casar bien moins sulfureuse que devant la caméra de Catherine Breillat (**), qui tient un « pasti restaurante ». A la mort de leur père, ils reviennent à Turin, leur ville natale. Pour y régler une succession délicate.

Occasion pour eux, en pleine crise identitaire, de renouer bon gré mal gré avec les épouses successives du défunt qui, chacune, dessine une image de la femme italienne. De la mama à la bimbo, de la fan de football à la présentatrice de télévision, de la timide à l’affranchie, elles donnent au pays de Berlusconi une colorature hystérique et bigarrée. Incohérente souvent.

Proche finalement d’une certaine réalité, comme celle excavée, il y a un mois, par « l’affaire du chaste drapé » dont le Président du Conseil transalpin a décidé d’orner le sein d’une allégorie, celle de la Vérité, dans un tableau de Giambattista Tiepolo. Espérant ainsi échapper ou diluer les critiques faisant de lui un amateur de starlettes estampillées « RAI ».

Sans être al dente, sans avoir la saveur des actrices italiennes auxquelles il fait ouvertement référence (Sophia Loren, Gina Lollobrigida) ou le calibre des réalisations des Maîtres dont il réclame la tutelle (notamment Vittorio de Sica et son sublissime « Ladri di biciclette » ) « Made in … » est un spumante un peu trop tiède. Aux bulles éventées.

Auquel Gilbert Melki tente de donner un éclat impossible. Parce qu’il n’est pas soutenu par un solide scénario, des dialogues rythmés, une intention de féroce raillerie. Ou des comédiennes qui se souviennent qu’une jolie plastique n’est pas un laisser passer de talent suffisant.

« Made in Italy » n’est pas synonyme de « Made in quality ». Tout au plus de « Made in (cheap) irony ». (m.c.a)

(*) Après « Ciao bella » en 2001 avec Jacques Gamblin et Yaël Abecassis
(**) « Anatomie de l’enfer »