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Nostalgia

Mario Martone, Ermanno Rea

Pierfrancesco Favino, Tommaso Ragno, Francesco Di Leva

117 min.
25 janvier 2023
Nostalgia

Le film s’ouvre sur le panorama d’une ville : dans la nuit , un homme déambule dans les ruelles, accompagné dans sa marche d’une musique de jazz. Dès les premières images, la nostalgie est là et l’on se demande ce que cet homme recherche.
Felice ( Pierfrancesco Favino ) revient dans sa ville natale, Naples, après 40 ans passés en Egypte : Mario Martone, en adaptant un livre d’Ermanno Rea ( « Nostalgia » qui donne aussi son titre au film) , va entrainer le spectateur dans plusieurs voyages.
Le voyage intérieur de cet homme revenu retrouver ses racines : la progression est lente, rythmée par ses allers et venues dans les lieux où il a vécu , entrecoupée de flashback qui, peu à peu, dévoilent le secret de cet homme, arraché à 15 ans, à sa famille, à sa ville , à ses amis. Les retrouvailles avec sa vielle mère, reléguée dans un logement à peine salubre, et son souci de lui donner une existence un peu plus décente sont un moment touchant de tendresse et de pudeur.

Un autre voyage est celui qui nous fait découvrir Naples, personnage à part entière de cette histoire avec le quartier de la Sanità, un quartier pauvre de la ville, entrecoupé de petites ruelles et de collines, de maisons faites de bric et de broc, reliées par des escaliers branlants . Un véritable décor de tragédie qui va mettre en scènes les deux pouvoirs qui « tiennent » le quartier : la Camorra avec, à sa tête, son ancien ami de cœur, Oreste Spasiano (Tommaso Ragno) et Don Luigi (Francesco Di Leva) , le curé qui, lui aussi, à sa manière, fait respecter sa loi. Là, le film est puissant car peu à peu la nostalgie fait place à la violence, celle subie par une population effrayée et résignée face aux désastres de la criminalité.

Le dernier voyage est celui de l’amitié impossible : le film est comme une longue marche de Felice à la recherche de son ancien ami, Oreste avec lequel il est lié par un lourd secret et qu’il finira par rencontrer , lors d’une scène digne d’un western quand les deux héros se retrouvent pour s’affronter.

Dans le rôle de Felice, Pierfrancesco Favino est excellent, comme dans « Le traître » de Bellocchio ainsi que Francesco Di Leva qui campe avec brio la stature de cette autre loi qui est celle de l’église pour lutter, en l’absence de la police, contre celle de la Camorra.

France Soubeyran