Tranche de vie
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PARIS

Cédric Klapisch (France 2008 - distributeur : Cinéart)

Juliette Binoche, Mélanie Laurent, Romain Duris, François Cluzet, Fabrice Luchini

130 min.
27 février 2008
PARIS

L’intérêt pour les deux parties d’un ensemble suscite-t-il ipso facto un engouement pour ledit ensemble ?

Autrement dit si on aime Paris et si on apprécie Cédric Klapisch, sera-t-on séduit par le "Paris" de Klapisch ?

Rien n’est moins sûr.

Car finalement, au-delà des 130 minutes (c’est long) de projection, que reste-t-il de ce film choral, baladeur et parfois même racoleur ?

Un aperçu vite fait bien fait (les Anglais ont un mot pour ce saisissement du réel qui porte peu à conséquence : le glimpse) des quartiers les plus pittoresques de la Ville Lumière ?

Un survol d’une relation frère-sœur dans laquelle le nombre de clichés l’emporte sur le nombre de clochers de l’ancienne Lutèce ?

Il, Pierre ancien boy au Casino de Paris, est malade. Il souffre d’une anomalie cardiaque.
Elle, assistante sociale, célibataire, mère de famille, lui propose de partager son attente d’un cœur à greffer et s’installe chez lui.

Elle prend conscience de leurs solitudes respectives.
Il prend conscience qu’il ne lui reste qu’à vivre, par procuration, ce qu’il imagine de la vie des autres.

Autour de ce couple pilier du film virevoltent, dessinées à gros traits, toute une série d’autres relations duelles - le professeur et l’étudiante dont il est amoureux, la boulangère et son apprentie, le marchand de primeurs et son ex épouse, l’architecte et l’historien, etc…

Chacun de ces duos aurait pu ouvrir, si Klapisch avait été La Fontaine, à une intéressante réflexion sur la difficulté de tisser du social ou de l’affectif sur fond de modernité urbaine.

A ce regard espiègle et humain, le cinéaste substitue une approche qui confond légèreté et vacuité, gravité et anecdotes dramatiques, questionnement et superficialité.

A mi-chemin entre le guide du routard et le dépliant-du-profitez-en-tant-que-vous-avez-la-santé, « Paris » roucoule et cabotine. Aidé par une kyrielle d’acteurs qui font leur numéro sous la houlette d’un Luchini dépressif et irritant qui donne au spectateur l’impression qu’il est dans un Lelouch plutôt que dans un Klapisch.

Un film est un moment coincé entre d’autres films. Celui qui suit une œuvre de grande qualité pâtit toujours de conscientes et d’inconscientes comparaisons.

Il aurait peut-être fallu ne pas (re) voir avant « Paris » « Le feu Follet » de Louis Malle et les regards de Maurice Ronet sur les Parisiens pour accorder une crédibilité à ceux d’un Romain Duris (*) que l’on a connu plus convaincant.

Même la musique de Satie qui accompagne les deux réalisations n’a pas la même résonnance

Epousant les désarrois de Maurice Ronet avec une dignité qui donne au cœur de l’émoi, elle sur-sucre ceux des personnages de « Paris ».

Ceux qui ont vu la belle exposition « Paris au Cinéma - la vie rêvée de la Capitale de Méliès à Amélie Poulain » qui s’est tenue à l’Hôtel de Ville de Paris en 2006. (**), savent que ce qu’il manque au film de Klapisch c’est une atmosphère.

Intime, chaleureuse et populaire comme celle qu’il avait si bien captée dans son premier long métrage « Chacun cherche son chat » (m.c.a)

(*) Dont les dernières images d’agonisant dans un taxi plombent le pathétique d’une situation d’un ridicule… pathétique.
(**) Ceux qui ne l’ont pas vu peuvent en consulter le catalogue édité chez Parigramme.