PLAY

« You have to kiss a lot of frogs to find a prince ». Ou encore la route qui mène à celui ou à celle dont on tombe amoureux n’est pas toujours une ligne droite.

Lorsqu’elle est parsemée d’embûches ou de contre temps à répétition on peut même dire qu’elle zigzague voire qu’elle suffoque. Puisque nous sommes à Santiago du Chili et qu’il y fait chaud.

Christina, une jeune femme, trouve par hasard le sac de Tristan, un trentenaire que son épouse vient de quitter. Elle se met à sa recherche.

Cette première réalisation aurait pu être une quête sur le bonheur. Hélas, elle se mue vite en exercice de style qui, bien éloigné de l’imagination fébrile et féconde de Raymond Queneau (*)se transforme, à force d’arabesques et d’entrechats maniérés, en pensum visuel.

Si Viviana Herrera, en aide soignante indienne, a la séduction délicate, Andrès Ulloa, en jeune bourgeois dépressif, manque de profondeur. Il est même carrément transparent, comparé à cette emblématique figure du personnage calfeutré dans son retrait existentiel interprété, avec une grâce sensorielle et pleine, par Bill Murray dans « Lost in translation » de Sofia Coppola.

« Play » est une première œuvre. On peut lui reprocher de pécher par un certain académisme qui sent le travail de fin d’étude (ce qu’elle n’est pourtant pas).

Défaut de jeunesse ou marque de fabrique qui tatoue ceux qui ont fréquenté les écoles d’art, en l’occurrence celle de Chicago ? Seul l’avenir nous dira si la cinéaste est capable de délaisser son vade mecum des clichés de mise en scène avec lesquelles elle « play » beaucoup au profit d’un travail plus personnel et impliqué sur les plans social et émotionnel.

Affaire à suivre et rendez-vous, dès à présent, pris pour le second long métrage. (m.c.a)

(*) " Exercices de style" (éd.Folio)