Comédie
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Coup de coeurPRETE-MOI TA MAIN

Eric Lartigau (France 2006 - distributeur :

Charlotte Gainsbourg, Bernadette Lafont, Alain Chabat, Grégoire Oestermann

90 min.
1er novembre 2006
PRETE-MOI TA MAIN

Rire ça fait du bien, ça donne la pêche et ça rend heureux. Joachim Lafosse (*) vous le confirmera, il en connaît un bout sur le sujet…

Film sans prétention, « Prête-moi.. » réussit à décoincer les zygomatiques sans recourir à la grivoiserie, à la méchanceté ou au cynisme. Il fait rire par son scénario, l’inattendu de certaines répliques, la rapidité des dialogues et last but not least le punch de tous ses interprètes.
Il est rare de rire avec et non de quelqu’un. Cette forme de spontanéité et de gratuité hilarantes est plutôt rare au cinéma. Elle rappelle celle qui égaie le film « Prime » de Ben Younger avec Meryl Streep et Uma Thurman, dont l’allure et le tempo allegro troppo sont voisins de ceux de « Prête-moi ».

Luis a 43 ans, il a un travail qu’il aime. Célibataire heureux et endurci tout irait pour le mieux s’il n’avait pas une mère et cinq sœurs qui le somment de se marier. Pour mettre fin à cet harcèlement, il engage quelqu’un pour jouer sa fiancée.

Cette idée simplissime, imaginée et co-scénarisée par Chabat, Lartigeau va réussir à la faire tenir droite non pas à l’aide de quiproquos - au contraire on se doute très vite de ce qui va arriver - mais par un déploiement de répliques tantôt vannes tantôt vaches. C’est peut-être là une des différences entre la comédie américaine et la française : la première jouant sur une désarticulation de situations attendues et la seconde sur une exacerbation inattendue de la parole.

« Prête-moi.. » a quelque chose de ce théâtre de boulevard qui repose sur l’adéquation des acteurs dont les jeux s’emboîtent avec la précision de pièces de Lego. Face à une Charlotte Gainsbourg à l’énergie et au charme délicieux (**) Chabat séduit parce qu’il est amusant et qu’il semble amusé. Ces deux là s’étaient déjà superficiellement croisés dans « The science of sleep » de Michel Gondry. Retrouvailles aussi pour Bernadette Laffont et Charlotte dont la relation pleine de tendresse avait déjà éclairé « L’effrontée » de Claude Miller d’une aura délicate et savoureuse.

Prêtez nonante minutes de votre vie à ce film, vous n’aurez pas perdu votre temps. Vous sortirez de sa vision ragaillardi et légèrement euphorique comme après une coupe de bon champagne (m.c.a)

(*) dont le film « Ca rend heureux » est encore – et c’est tant mieux – à l’affiche après 5 semaines de projection.
(**) qui rappellent celle de sa célèbre maman : Jane Birkin dans "La moutarde me monte au nez" ou ecnore "La course à l’échalote"