Isabelle Carré, Maya Sansa, Sergi Lopez, Xavier Beauvois
Nous sommes tous destinés à le rencontrer un jour cet ange auquel Cocteau (*) a donné un nom en lame de couteau pointée sur le cœur, Heurtebise.
Cet ange de la mort auquel Isabelle Carré va prêter dans ce film cette ferveur introvertie si proche parfois de la tristesse qui la caractérise.
Elle y a pour compagnon un Sergi Lopez irascible en journaliste raté qui décide, pour comprendre les mystères de sa femme, de la suivre en filature.
" Rendez-vous ..." parle d’un couple qui s’essoufle. Coincé entre l’égoïsme de l’un et la propension à l’empathie de l’autre qui ne dévoile pas qu’elle a été licenciée pour avoir « soulagé » les malades en phase terminale sur lesquels elle était chargée de veiller.
Sans doute dépassé par l’ampleur de son ambition - porter un regard sur le problème de l’euthanasie -, le réalisateur peine à maintenir le cap et l’équilibre entre son sujet de fond et la toile anecdotique, le délitement d’une union, qui le circonscrit.
Et finit par l’affadir et le réduire à une portion congrue malmenée de surcroît par des répétitions, des lenteurs qui induisent une impression d’artificialité et d’inspiration aux ailes écornées.
Décider de la fin que l’on souhaite donner à son existence n’est pas un thème neuf au cinéma. Décider de l’abréger a fait des films à succès - "Le scaphandre & le papillon" de Julien Schnabel, "Les invasions barbares" de Denys Arcand.
Succès parce que cette problématique était évacuée de façon transversale, sous l’angle d’un nœud émotionnel puissant qui traverse une intrigue romanesque.
Laissant aux documentaires la tâche de raconter, avec une rigueur essentiellement factuelle, l’histoire de Christine Malièvre (*), cette soignante hospitalière - dont « Rendez-vous … » semble avoir tiré substance - condamnée en 2003 à 12 ans de réclusion criminelle pour avoir abrégé la vie de ceux qui lui confiaient leur souffrance.
Et leur désir d’en finir. (mca)
(*) dans le long poème « L’ange Heurtebise » édité chez Stock et dans ses longs métrages « Orphée » et « Le testament d’Orphée ».
(**) voir son autobiographie « Mes aveux » parue aux éditions Robert Laffont