Babette de Coster, Laetitia Dosch, Benoit Poelvoorde
Claude Barras révèle un peu plus de sa magie avec son nouveau film Sauvages. Le cinéaste suisse qui nous a offert l’œuvre fantastique Ma vie de Courgette (primée aux César avec le prix du meilleur film d’animation) revient 8 ans plus tard avec une proposition tout aussi sensible.
Alors qu’un climat de tension oppose les familles nomades aux compagnies forestières de son village, Kéria, une jeune fille déterminée, trouve en bordure de forêt tropicale un bébé orang-outan. Accompagnée de son cousin nomade et de l’orang-outan, Kéria tente de freiner la destruction de la forêt voisine.
S’il était question d’enfants placés dans son précédent long-métrage, Barras décide de parler d’un autre sujet fort et actuel : le traitement de la nature par l’Homme. Il met l’accent sur les populations nomades et les problèmes de déforestation massive. Les propositions artistiques du réalisateur se font rares et sont d’autant plus précieuses qu’elles sont traitées avec sensibilité et humanité.
Sauvages est une vraie réussite, autant visuelle que sonore, accompagné d’un scénario délicieusement écrit, comme l’est celui de Ma vie de Courgette (scénarisé par Céline Sciamma, réalisatrice de Naissance des pieuvres ou Portrait de la jeune fille en feu notamment). Il ne comporte aucun temps mort, aucune scène inutile. Sa réussite nous amène à nous sentir nous-mêmes compagnon d’aventure de Kéria et de ses deux amis. Un film d’animation ludique mais pas que, sensibilisant sur des enjeux écologiques essentiels, le tout porté par une mise en scène en stop motion qui surprend et émerveille.
Sauvages est à voir et à réfléchir. La beauté du film prend sans aucun doute source dans les intentions honnêtes de son réalisateur. Barras décrit ce film comme personnel, lui qui avait pour grands-parents des nomades. Il parvient, grâce à cet élan intime et à la magie “barrassienne”, à nous emporter dans l’histoire de Sauvages. Entre éblouissement visuel et émotions douces-amères, il nous questionne, en tant qu’adultes, sur notre monde et ce qu’on en laisse.
Flore Mouchet