Scarlet Johansson, Woody Allen, Hugh Jackman)
Woody a quelque chose en commun avec le pic-vert au même prénom (Woody Woodpecker) : on est content de le retrouver même si on a une impression de déjà vu.
Sur le fond reprise de thèmes déjà abordés : l’enquête menée de façon maladroite mais tambour battant (« Manhattan Murder Mystery »), l’incarnation de la mort encapuchonnée et faux en main (« Love and death » ), le complexe d’Œdipe (« New York Stories » ), les personnages hors intrigue qui la commentent ( les chœurs de « Mighty Aphrodite »), l’opposition entre aristos anglais et roturiers américains (« Match Point »), l’intérêt pour les modestes artistes de scène (« Broadway Danny Rose »), le tueur en série (« Shadows and Fog »).
Sur la forme des dialogues qui claquent, brillants et rapides, des bons mots qui allègent une tendance logorrhéique, un duo d’acteurs qui fonctionne selon les topiques de la bonne comédie made US (Gary Grant et Rosalind Russel ou Katharine Hepburn, Clark Gable et Claudette Colbert…).
Peu importe que l’intrigue soit tirée par les cheveux - une apprentie journaliste tombe sous le charme de l’homme qu’elle soupçonne d’être un serial killer - la comédie est au rendez-vous. Echevelée, fantaisiste, oscillant entre humour noir et répliques dont la vis comica les prédestine à devenir cultes : « Je ne prends pas un gramme, mon angoisse me sert d’aérobic », « Je suis de confession hébraîque, mais je me suis vite converti au narcissisme ».
Woody Allen a raison de jouer dans ses films, il leur apporte ce quelque chose de fragile, d’hésitant dû à son à son léger bégaiement, et de burlesquement humain qui attire la sympathie et l’intérêt.
Face à lui une délicieuse Scarlett Johansson dont le physique et l’esprit enchantent. Il est toujours risqué d’établir un parallèle entre deux actrices mais elle a, comme la Marilyn valorisée par Billy Wilder dans « Some like it hot » ou « Seven year itch », une capacité de faire rire et de fasciner par une plastique pulpeuse incarnée avec innocence.
Pour Hitchcock le support du cinéma était le voyeurisme (celui du réalisateur et du spectateur) pour Allen ce serait plutôt l’illusion, qui comme celle du prestidigateur Splendini de « Scoop » ou du magicien Voltan (*) permet de créer une ambiance, qui, durant un bref moment, supplantera le réel pour y substituer une autre réalité, truquée et fabriquée sans doute, mais capable d’apporter surprise, détente et plaisir. (m.c.a)
(*) dans « The curse of the jade scorpion »