Drame religieux
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SHAHADA

Burhan Qurbani (Allemagne 2010)

Maryam Zaree, Jeremias Acheampong, Carlo Ljubec, Sergej Moya

88 min.
2 février 2011
SHAHADA

Ne pas confondre « Shahada » et « Shabadabada ».

Dans ce premier film d’un jeune vingtenaire né en Allemagne de parents afghans réfugiés, il y a peu de place pour la légèreté.

Le propos est grave et la mise en scène empreinte d’un manque de souplesse qui, si elle dérange parfois, colle plutôt bien à la thématique d’un film corseté à travers trois parcours de vie par un questionnement de brûlante actualité : Islam et modernité sont-ils compatibles ?

Maryam est turque. Après une interruption de grossesse mal assumée, elle se laisse séduire par le plus dangereux des miroirs-aux-alouettes - l’intégrisme.

Sammi est nigérian, il n’accepte pas son homosexualité et Ismaël, bosniaque, hésite à refaire sa vie avec une jeune clandestine.

« Shahada » - en français « La profession de foi » (*), même s’il est inabouti parce qu’immaîtrisé par un excès de pathos et déservi par un choix de couleurs sombres et glaciales dont ne suinte qu’une morne tristesse est néanmoins un film (qui est aussi le travail de fin d’études du réalisateur) dont l’intention est intéressante.

Parce qu’il aborde, avec courage, la réalité schizophrène d’une religion dont les préjugés n’apportent aucune aide ou réconfort mais au contraire accélèrent le mal être voire le déboussolement de jeunes gens tiraillés entre les tolérances acceptées (sous peine d’asphyxie) par une grande métropole - les récits ont pour cadre un Berlin en pleine mutation pluriculturelle - et la rigidité d’un mode de penser inspiré par le Coran.

Burhan Qurbani, s’il n’est ni Fatih Akin, ni Abbas Kiarostami, ni un des Makhmalbaf - il lui reste à comprendre que ne pas vouloir trop dire ou montrer est une façon de mieux dire ou montrer - il n’en demeure pas moins que son discours défendant, par ces temps ombrageux, un Islam modéré est le bienvenu.

Cette volonté d’ouverture jointe à une candide sincérité sauve « Shahada » d’un excès de clichés, d’un symbolisme parfois irritant et d’effets de caméra un peu lourds.

Ceux qui sont intéressés par l’analyse des rapports trop souvent noueux entre Occident et Islam trouveront à approfondir leur réflexion grâce au livre d’Anne Nivat récemment sorti en livre de poche du « Comment ils (les Islamistes) nous voient » (mca)

(*) ou encore le 5ème pilier de l’Islam. Celui qui permet de vous définir comme musulman et de structurer votre engagement autour du crédo "Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Mahomet est son prophète".