Autour de la guerre
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SOUS LES BOMBES

Philippe Aractingi (France/Liban 2007)

Nada Abou Fahrat, georges Khabbaz

95 min.
9 juillet 2008
SOUS LES BOMBES

Les taxis ne vont pas toujours à Tobrouk (*). Ils peuvent aller dans le Sud Liban, en traversant un pays en guerre - celle de l’été 2006 qui a duré 33 jours et tué plus de mille personnes pour la plupart civiles - à la recherche d’un enfant dont une mère est sans nouvelle.

Zeina est chiite, elle vit à Dubai. Elle débarque à Beyrouth pour retrouver son fils disparu depuis le début des bombardements israéliens.

Aucune reconstruction à l’Américaine, emphase didactique ou propos lourdement politisé, juste une déambulation dans un pays en ruines, des rencontres avec des hommes et des femmes dévastés par la peur et la douleur d’avoir perdu des proches, des biens et la confiance en des jours meilleurs.

« Sous les bombes » n’est pas tout à fait un documentaire - il manque de recul (**) par rapport à un sujet saisi sur le vif -, il n’est pas non plus totalement une fiction même s’il raconte une histoire fictive.

Il est plutôt le suivi d’un voyage entrepris par une arabe prise en charge par un taximan (***) chrétien qui vont de concert, malgré leurs oppositions culturelles et religieuses, découvrir une réalité de terrain couvrant aussi bien l’arrivée des casques bleus de la Finul qu’une manifestation du Hezbollah.

Film-témoignage mais aussi film d’émotions et d’une étrange frénésie, « Sous les bombes » démythifie toute éventualité d’héroïsme ou de bravoure. Il nous montre des humains en désarroi, en errance, en larmes pour leurs morts et en prières pour leur survie.

Conduits par la qualité humaine de deux interprètes qui font oublier qu’ils jouent, ce « war road movie » d’un cinéaste franco-libanais qui connaît la guerre pour l’avoir vécue dès l’adolescence
et captée dans ses reportages pour notamment l’émission télévisée « Envoyé spécial », sonne malgré quelques dérapages un peu trop appuyés, souvent juste.

Mais risque de sonner dans le vide. Comme les tonnes de pellicules tournées pour dénoncer la guerre. Divisant le monde en deux : ceux qui vont au cinéma voir des films qui la dénoncent.

Pendant que d’autres vont sur le terrain en découdre.

Sans oublier, la vie étant stone et absurde, les cumulards ... (m.c.a)

(*) Film de Denys de La Patellière avec Lino Ventura, Charles Aznavour et Hardy Krüger
(**) Le tournage a débuté durant les hostilités
(***) Dans « Free zone » d’Amos Gitai c’est aussi d’un taxi qu’une jeune juive américaine, magnifique Natalie Portman, découvre une situation dont la complexité insoluble et éprouvante ne pourra être tenue à distance que par la fuite.