Karine Vanasse, Eric Cantona, Aurélien Recoing
On en a maintenant la preuve, le boa constrictor ne sévit pas qu’en Amérique centrale et du Sud.
Il est aussi tapi dans l’ombre des salles de cinéma où il avance masqué sous les traits d’un acteur bourru et peu convaincant et avec l’alibi d’une histoire aussi invraisemblable que faussement haletante pour assaillir le spectateur.
Et l’étrangler, plan par plan, avec une force nourrie de clichés et de théories fumeuses qui n’a rien à envier à celle de 32kN (kiloNewton) avec laquelle l’animal achève sa proie.
Pis encore. Si le travail du reptile tueur s’accomplit dans le silence, celui de « Swich » s’accompagne d’une musique gonflante dont l’omniprésence n’aide en rien à la compréhension de dialogues nécessitant lorsqu’ils ont été décodés grâce à un sonotone réglé à la puissance maximale une bienveillance sans limite pour accepter leur ineptie.
On l’a compris cette histoire d’échange de domiciles et de destins entre le Québec et Paris, mise au point sous la houlette de Jean-Christophe Grangé (*) l’écrivain et scénariste star française du thriller fantastique, ne donne qu’une envie.
Courir aussi vite qu’Eric Cantonna pour y échapper et éviter de s’énerver sur un film qui pédale dans la semoule entre cadavre, braquage, cauchemar un brin génétique, courses-poursuite et fin grand-guignolesque supposée.
Un seul regret à cette sortie prématurée : laisser à son triste sort une jeune actrice, Karine Vanasse - dont les airs tendus et vulnérables rappellent souvent ceux de Sylvie Testud - à laquelle on souhaite un avenir cinématographique plus en adéquation de qualité avec son talent. (mca)
(*) "Rivières pourpres", "Le concile de pierre" ...