Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi, Jaime Ray Newman
Judoka iranienne, Leila se rend au championnat du monde de judo avec sa coach, Maryam. Leila gagne ses premiers combats et se rapproche de la médaille d’or tant espérée. Mais elles reçoivent un ultimatum de la République islamique d’Iran : abandonner le tournoi ou subir les répercussions d’un refus d’obtempérer.
Tatami est la collaboration inédite entre deux cinéastes de pays ennemis : l’Iran et Israël. La réalisatrice iranienne Zar Amir Ebrahimi et le réalisateur israélien Guy Nattiv ont réuni leurs talents respectifs pour proposer une œuvre puissante et très politique. A contrario de leur film où une athlète iranienne se voit ordonner d’arrêter la compétition pour ne pas affronter sa consœur israélienne, Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv ont décidé de s’unir pour faire ce film.
Les cinéastes nous offrent un réel bijou indéniablement écrit et réalisé avec le cœur et les tripes. Tatami, au-delà de son propos politique fort, est aussi une magnifique œuvre cinématographique. On suit avec appréhension l’ultimatum reçu par les deux iraniennes et les potentielles conséquences à venir, pour elles mais aussi leurs familles. Le long-métrage nous tient en haleine du début à la fin, par son histoire mais pas seulement.
Il serait trop long de parler des multiples qualités du film mais nous pouvons évoquer ses points forts : une mise en scène noir et blanc impeccable, qui passe de scènes de combat haletantes, à des dialogues sous-tension lorsque les menaces s’accroissent, ou encore à des scènes d’introspection déterminantes. La crédibilité de ces scènes vient aussi de l’interprétation des actrices, principalement les interprètes de Leila (Arienne Mandi et l’intensité de son jeu) et de Maryam (Zar Amir Ebrahimi, qui ne se limite pas à être derrière la caméra mais endosse aussi ce personnage tiraillé par les dictats et par ses idéaux).
Tatami est à voir et à revoir. Un film fort, unique aussi, dont on ressent chaque enjeu, dont on comprend les hésitations et les dilemmes des protagonistes. Face à la menace, Leila et Maryam réagissent de manière différente, mais on saisit l’angoisse qui peut les saisir tout autant que l’envie de transgression.
Le propos de Tatami est le même que l’acte de faire ce long-métrage : l’émancipation d’un régime totalitaire et la liberté d’être et d’agir. Un acte qui, dans les deux cas, demande beaucoup de courage, à l’heure où les femmes iraniennes subissent une oppression quotidienne.
Flore Mouchet