Anthony Bajon, Ludovic Torrent, Christine Gautier, Noémie Lvovsky, Guillaume Mattera, Jean-Paul Fabre, Alexis Orlandini, Gérard Pau ...
Présenté lors de nombreux festivals, le film a obtenu le label de la sélection ’Cannes 2020’, le prix du Jury du festival Gérardmer, et le Prix de la Critique à Sitges.
Drame social et comédie satirique, ’Teddy’ est le deuxième film des frères Boukherma qui, comme dans leur premier film Willy 1er [1], met en scène un jeune homme inadapté à la société qui essaye vainement de s’y intégrer.
Le film a pour cadre un petit village des Pyrénées, où un loup s’attaque aux troupeaux locaux, provoquant la colère des villageois. Teddy (Anthony Bajon), 19 ans, sans diplôme, vit avec son oncle adoptif un peu spécial et une dame handicapée. Il travaille dans un salon de massage tenu par l’incroyable Noémie Lvovsky,. Sa petite amie Rebecca passe bientôt son bac. Mais un soir de pleine lune, Teddy est griffé par une bête inconnue. Les semaines qui suivent, il est pris de curieuses pulsions animales…
Le film nous plonge dans la France des campagnes où les réalisateurs ont grandi jusqu’à leurs 18 ans, dans un tout petit village du Lot-Et-Garonne. Le village et ses personnages sont décrits avec beaucoup de tendresse et d’humour.
Sur ce fond de ruralité, ’Teddy’ est le portrait d’un adolescent orphelin, déscolarisé, rejeté et humilié par la société de son village : dès les premières images du film, le spectateur comprend par le comportement provoquant de Teddy et la répression gentille mais ferme des gendarmes - que son sentiment de frustration va se traduire en violence.
Alors pourquoi la figure du loup-garou intervient-elle ? « On a choisi le loup-garou parce qu’on s’est rendu compte qu’il y avait une résonance particulière avec l’actualité. Si on prend une structure de loup-garou classique, le début de la griffure, la mutation, l’attaque et la mort du personnage principal, et qu’on la transpose en 2020, ça devient déjà quelque chose de différent par rapport aux histoires de loup-garous des années 70/80. On trouvait qu’il y avait une vraie pertinence à faire cette histoire aujourd’hui. » disent les réalisateurs.
On pourrait aussi - au delà de cette explication- voir dans la figure du loup-garou l’expression de l’inconscient de ce jeune homme qui - humilié, inadapté, rejeté- n’a d’autre moyen que la violence pour exprimer sa douleur.
La mise en scène est excellente, la montée en tension aussi. Anthony Bajon est exceptionnel de naturel, passant par tous les stades de la violence rentrée à une certaine douceur. Les acteurs non professionnels sont plus vrais que nature.
Bref un film attachant que l’on peut voir comme une dénonciation de la société - ici rurale - qui rejette et humilie tous ceux qui sont différents.
(France Soubeyran)
[1] À la mort de son frère jumeau, Willy, 50 ans, quitte pour la première fois ses parents pour s’installer dans le village voisin. « À Caudebec, j’irai. Un appartement, j’en aurai un. Des copains, j’en aurai. Et j’vous emmerde ! ». Inadapté, Willy part trouver sa place dans un monde qu’il ne connaît pas.