Nauséeux
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THE BRAVE ONE (en français A VIF)

Neil Jordan (USA 2007 - distributeur : Warner Bros)

Jodie Foster, Terrence Howard

122 min.
26 septembre 2007
THE BRAVE ONE (en français A VIF)

Quelle mouche a donc piqué Jodie Foster ?
Jouer dans un douteux plaidoyer légitimant la vengeance est tellement éloigné de l’image qu’elle donne d’une jeune femme équilibrée, démocrate et intelligente.

Même s’il est vrai que sa filmographie récente privilégie les personnages forts, capables de se débrouiller seuls dans la vie (« Panic Room » de David Fincher , « Flightplan » de Robert Schwentke), la voir ramer dans un film au scénario aussi nul qu’extrémisé de droite pose forcément question.

La loi du Talion n’est pas une invention de la modernité, on en trouve des traces religieuses dans le Pentateuque et juridiques dans le Code d’Hammourabi qui justifiait les ripostes individuelles à l’offense lorsque celles-ci étaient proportionnées à celle-là.

Dans « The brave one » rien n’est mesuré. C’est non seulement une escalade immonde et inacceptable de la violence qui saisit une animatrice de radio apparemment d’aplomb mental lorsque que son fiancé meurt sous les coups de loubards mais aussi un constat (approbateur ?) de la complicité qui s’établit entre ce Charles Bronson (*) eye-linerisé et la police.

Déçu par Jodie Foster, on l’est également par Neil Jordan dont jusqu’à présent les choix avaient été plus subtils et les points de vue plus engagés sur le plan de la moralité citoyenne.

On sait que la télévision rend fou (**) - l’affaire William Lymergie l’a démontré cette semaine
en essayant d’étrangler un de ses collègues de travail.

Avec « The brave… » on saura que la radio ne fait pas qu’éclater les décibels. Elle peut faire péter les plombs.

Jodie Foster, interviewée sur les raisons qui l’ont amenée à accepter ce rôle de justicière (***), argue avec autant de bonne volonté que de mauvaise foi, d’une réflexion sur la responsabilité individuelle face à l’angoisse sournoise qui s’est emparée des esprits new-yorkais depuis le 11.09.2001.

C’est évidemment une façon jésuitique et donc forcément malhonnête de voiler les fantasmes vengeurs d’une certaine Amérique poujadiste derrière les volutes d’un thriller sans profondeur et sans le recul permettant à l’analyse de s’installer.

En 1957, Irving Rapper réalisait un « The brave one » qui était à la hauteur du courage de son héros.
En 2007, en réutilisant ce titre, Neil Jordan perpètre une tromperie éthique en vidant un mot de sa
substantielle essence.

Non, Jodie Foster n’est pas « The brave one ». Elle est « The shameful one ». (m.c.a)

(*) référence à la poisseuse série des « Death Wish » dans laquelle il incarne un architecte, Paul Kersey, devenu accro des armes à feu après les meurtres de ses proches.
(**) Bruno Masure a fait de ce constat le titre de son livre paru en 1997 aux éditions Omnibus.
(***) la même question aurait pu être posée à Arnold Schwarzenegger pour son rôle dans « Collateral damage » d’Andrew Davis ou à Thomas Jane pour son personnage dans « The punisher » de Jonathan Hensleigh